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Il défend également le CRIF dans le dossier de l’attentat déjoué contre une épicerie juive de Sarcelles (Val-d’Oise) en octobre 2012 (préparé par la cellule islamiste dite «Cannes-Torcy»). Dans le parcours criminel de Mehdi Nemmouche, l’avocat identifie plusieurs parallèles avec celui de Mohamed Merah. Et appelle à une lutte «sociétale» et non pas uniquement sécuritaire contre ce type de terrorisme.
Vous dites avoir pensé au dossier Merah dès les premières images de la tuerie de Bruxelles…
Oui, parce que la vidéosurveillance du Musée juif de Bruxelles montre un tireur déterminé à tuer, dans un lieu très identifié de la communauté juive, en plein jour, en pleine ville, à visage découvert, en sachant qu’il sera vu, filmé. Ensuite, avec l’arrestation de Mehdi Nemmouche, sont apparues les similitudes dans les parcours. Des jeunes désociabilisés, une entrée dans la petite délinquance, puis une montée en gravité des actes, une radicalisation en prison, des voyages initiatiques, qui mènent au terrorisme.
Y a-t-il pour vous des enseignements à tirer de ces similitudes ?
Oui, et ils sont nombreux. Je pense d’abord à la prison. Il faut absolument y développer encore un travail de surveillance plus fin, mais pas seulement. Si le jihad a pris autant de place en prison, c’est que pour beaucoup de détenus, il n’y a rien d’autre. Que le travail y est trop peu développé, que l’accès à une sociabilité positive est très difficile. Avec un personnel débordé, pas assez formé.
Tous les avocats comme moi ont vu un jour certains de leurs clients basculer dans l’islamisme après leur incarcération. Il faut proposer aux détenus un autre choix que d’être happé soit par une organisation mafieuse, soit par les salafistes.
Et en dehors de la prison ?
Ces terroristes sont des hommes jeunes. Il y a donc à penser au rôle de l’école, des structures d’encadrement de la jeunesse avec lesquelles ils rompent. Et au rôle des vecteurs qui leur permettent de se radicaliser : les réseaux sociaux, Internet. On ne trouvera aucun jeune parti en Syrie qui ne soit passé par là. Ils apprennent à fabriquer des bombes via les moteurs de recherche, ils nouent des contacts avec des jihadistes sur Facebook et les réseaux sociaux. Demander aux principaux acteurs d’Internet, aux responsables de Google, Yahoo, Bing et autres de s’impliquer davantage dans la lutte contre le jihadisme est une nécessité… Lire la suite.