Tribune
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Publié le 13 Avril 2010

Au nom du Père

Sa photo couvre presque toute la Une de l’édition du 13 avril, de France-Soir : Jean-Pierre Foucault a les yeux cernés, le regard est perdu ou vide, que regarde-t-il ? A qui pense-t-il ? Son père ? Sa mère ? La bouche est fermée, il a l’air triste ou très concentré, ou perdu, peut-être. Il est bouleversé, sûrement. Cela se sent, cela se voit, cela se devine, car c’est son père que l’on honore à Jérusalem.




Marcel Foucault sauva des Juifs menacés de mort, dont une jeune polonaise qui, plus tard, deviendra sa femme : Pessa Leska. Or, en ce jour de recueillement -le jour de Yom’Ashoah- le célèbre et sympathique animateur de télévision et vingt autres enfants, petits-enfants et arrière petits-enfants de Justes (parmi les Nations) ont fait le voyage, à l’invitation de la Fondation France-Israël. Ils honorent ceux et celles qui ont sauvé des Juifs, au péril de leur vie, sous l’Occupation. Au Mémorial de Yad Vashem, Jean-Pierre Foucault, très ému, se penche sur le mur où est gravé le nom de son père, nom qu’il touche de la main. On le sent ému, au bord des larmes.



C’est cette figure du père et du Juste que Foucault effleure de la main.



Mon père à moi, a été sauvé pendant la guerre, par un Juste. Il ne sait rien de lui, il n’a jamais su qui il était et d’où il venait. Mais, il lui doit la vie.



Alors, un jour, j’ai décidé que je rendrais hommage aux Justes et, pendant des années, j’ai participé à de nombreuses cérémonies en l’honneur de ces gens simples, tendres, humains, quelconques quelquefois mais extraordinaires. En eux, je voyais toutes les flammes d’humanité et des rives de bonté.



Alors, un jour, j’ai décidé aussi de venger mon père et sa famille. Ils avaient soufferts pour la seule raison qu’ils étaient Juifs. Et, tous les jours, je pense à mon père et j’ai une pensée pour l’homme qui le sauva et dont je ne sais rien.



Tous les jours, lorsque je tombe sur des propos et des vomissures antisémites (ou racistes), j’ai mal. Et, quelquefois, si je le pouvais, je pleurerais. Mais, je pense alors, à la figure du Juste et comme « c’est la Justice et encore la Justice que tu rechercheras (Deutéronome) », je me bats de tout mon être et, moi aussi de la main, j’effleure des doigts le nom du père et le nom du Juste, au nom d’une Humanité que j’aime.



Merci Marcel Foucault.



Marc Knobel



Photo : D.R.