Tribune
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Publié le 6 Janvier 2012

Barbarie, par François Sergent

Ce texte est publié dans la rubrique Tribunes Libres réservée aux commentaires issus de la presse. Les auteurs expriment ici leurs propres positions, qui peuvent être différentes de celles du CRIF.



Une prise d’otage est une abjection.



L’otage est pris non pour ce qu’il a fait mais pour ce qu’il représente. Les conditions de détention sont d’autant plus éprouvantes que le terme est incertain. Le preneur d’otage est un geôlier tortionnaire et si besoin meurtrier. Et, quels que soient les oripeaux religieux dont il se pare, il n’hésite pas à abuser des prisonnièrs, notamment Aqmi qui, en ses huit années d’existence, a montré la plus extrême barbarie.



Les pays des otages sont eux-mêmes pris en otage. Ils se retrouvent contraints de discuter et négocier avec des terroristes ; et souvent obligés de payer une rançon tant se mélangent chez les preneurs d’otage revendications politiques et crapuleuses. Les documents que nous publions révèlent comment de jeunes paumés basculent dans le crime au nom d’un islam dévoyé. Aqmi a développé ce que le professeur Mohammed-Mahmoud ould Mohamedou appelle «une économie politique du terrorisme».



Il reste que l’on ne peut réduire cette forme de terrorisme aux errances de soldats perdus attirés par une vague référence à Al-Qaeda.



L’Iran était ainsi derrière les ravisseurs des otages français du Liban et leurs revendications étaient tout à fait politiques.



La France, particulièrement visée par Aqmi, devrait demander des comptes aux pays qui ont laissé prospérer ce groupe.



François Sergent est directeur adjoint de la rédaction de Libération.



Sur ce sujet, dans la presse aujourd’hui :



« Le chef présumé du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), présenté comme une dissidence d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a menacé la France, jeudi 5 janvier 2012 dans un enregistrement vidéo. "Nous déclarons encore une fois la guerre à la France qui est contre les intérêts de l’islam", déclare en arabe dans cette vidéo le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou. »



Photo (François Sergent) : D.R.



Source : Libération du 6 janvier 2012