Extrait de l’article:
En 1979, naissaient trois enfants d’emblée surnommés « les triplés de la paix », parce que leurs parents les avaient chacun prénommés en hommage à Menahem Begin, Anouar El-Sadate (le président égyptien) et Jimmy Carter (le président américain). « Quand les garçons sont nés, je croyais vraiment et sincèrement en la coexistence », explique Ibrahim Qidasa, leur père. Lui et sa femme, Heitam, pensaient pouvoir élever leurs trois fils dans une société nouvelle, une société qui aurait banni les armes et qui s’attellerait à paver le sentier de la paix. Pourtant, le soir du 16 mars 2010, Begin a été tué par balle à Lod (une ville juive à minorité arabe au sud-est de Tel-Aviv). La police a arrêté Naëf Radwan, un jeune Arabe de 21 ans, également originaire de Lod. Selon les enquêteurs, Radwan, ulcéré d’apprendre que Begin buvait de l’alcool devant son frère de 19 ans, serait rentré chez lui pour chercher un pistolet afin d’abattre celui-ci. « Rien ne pourra jamais me rendre mon fils », se lamente Ibrahim. « Nous ne sommes que des Arabes. Lorsque la victime est juive, Israël fait tout pour présenter son assassin devant un tribunal, même s’il faut pour ça aller le chercher à l’autre bout de la planète. Ici, un Arabe a tué un Arabe. Un de plus, un de moins, qui s’en soucie ? »
(…) A cause de la mort tragique de son frère Begin, Sadate vient de bénéficier d’un congé pénitentiaire. Il a été condamné une première fois à une peine de trois mois de prison il y a dix ans, peine qui a été alourdie après le meurtre d’un codétenu, deux jours avant sa libération. Si tout va bien, il devrait être remis en liberté dans deux mois. Comme Sadate, Begin avait lui aussi fait de la prison, mais leur père Ibrahim ne leur a presque jamais rendu visite au cours de leur détention. « Pour moi, c’était une humiliation totale. Je ne pouvais pas supporter cette honte », dit-il. « En outre, comme je suis arabe, les policiers exigeaient que je me déshabille totalement pour me fouiller avant chaque visite, comme si j’étais un vulgaire trafiquant de drogue. Pour moi, c’était nouveau. Je n’avais jamais eu d’ennuis avec la justice et je n’avais jamais été arrêté. »
(…) Ibrahim a perdu cet élan d’espoir qui l’avait poussé à choisir ces prénoms pour ses trois fils après la signature historique du traité de paix entre Israël et l’Egypte. D’expérience, il sait désormais que les meilleures intentions ne suffisent pas pour arracher sa famille à ce quartier pauvre qui ne leur a offert pour horizon que le crime. « Regardez les enfants qui grandissent à Rishon Le-Tzion (une bourgade juive voisine), dit-il. Après l’école, ils peuvent participer à des activités parascolaires et s’inscrire dans un centre communautaire. Ici, à Lod, il n’y a rien de tel. Nos enfants ne savent pas ce que sont des activités parascolaires. Ce n’est pas comme ça qu’on arrivera à créer la coexistence. J’en ai assez. Nous avons eu beaucoup de bonne volonté, mais la chance ne nous a jamais souri. »
Mes commentaires :
1) En Israël, la presse est libre. L’honneur de la presse israélienne est justement de pointer du doigt les manquements, les erreurs, les fautes qui peuvent exister dans cette société. Certains penseront ou diront que cet article de Haaretz est un exercice d’auto flagellation, je ne le crois pas. Je répondrai que le journaliste fait son boulot. La société israélienne n’est pas une société idéale. C’est un pays difficile, miné par le chômage, les conflits sociaux, les problèmes économiques et il y a en Israël des discriminations (comme en France, d’ailleurs).
2) Cependant, ce n’est pas parce que l’on vit dans un quartier difficile où la majorité de la population vit difficilement et souffre socialement (tant en France, qu’aux Etats-Unis), que nos enfants doivent mal tourner. Ibrahim a mal tourné. Son père devrait s’interroger. N’y a-t-il pas eu une faille dans l’éducation de son gamin ? Begin s’est fait assassiner parce qu’il buvait de l’alcool, est-ce de la faute d’Israël ou bien doit-on incriminer le fanatisme ? Se convertir ou boire de l’alcool, doit-il valoir la mort ? Bonne question, non?
3) Dans ce même numéro du Courrier International, on trouve d’autres articles. Ils m’ont touché. Que l’on parle du Sénégal, de la France, de la Grèce, de la Russie, du Royaume-Uni, de l’Autriche et de l’Eglise, les articles qui dénoncent les fautes, les meurtres, les conneries ne manquent pas. Pourquoi le journaliste de France-Info a-t-il choisi spécialement cet article-là ?
4) En 1 minute, les auditeurs n’auront pas assez de recul pour se poser des questions. Ils retiendront UNIQUEMENT que les arabes israéliens souffrent et que TOUTE la société israélienne est coupable. Point final.
5) Depuis, l’article du Courrier international est reproduit sur de très nombreux sites (musulmans) sur l'Internet. Là encore, sans le moindre recul, pour condamner TOUTE une société.
6) Cela chez moi, s’appelle un matraquage.
Marc Knobel
Photo : D.R.