Tribune
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Publié le 28 Mai 2004

Bon anniversaire monsieur Valery Giscard d’Estaing

La semaine dernière, les médias français ont salué les 30 ans de l’arrivée au pouvoir de celui qui devint en mai 1974 le plus jeune président de la République française et qui est aujourd’hui considéré comme une sorte de sage en politique.



« Le Monde » lui-même dans son supplément hebdomadaire a consacré pas moins de seize pages à l’événement en publiant une sorte d’album photo des années Giscard commenté par VGE lui-même.

L’une de ces photos est consacrée aux accords de paix de camp David entre l’Egypte et Israël. On y voit le président américain Carter, le Premier ministre israélien Begin et l’égyptien Sadate.

Et Giscard de se souvenir : « Si Sadate n’avait pas été assassiné, il est probable que la situation au Moyen-Orient aurait évolué de façon positive. Sadate était un homme courageux. C’est lui qui a eu l’idée d’aller à Jérusalem. Ce n’était pas rien pour un chef d’Etat arabe ».

Pardonnez-moi monsieur le président Giscard d’Estaing mais votre mémoire est un peu défaillante et vos commentaires d’aujourd’hui atteignent - autant le dire tout net - des sommets d’hypocrisie.

Vous saluez le courage de Sadate, premier leader arabe à s’être rendu à Jérusalem. Comment alors qualifier l’attitude du président français de l’époque qui refusa durant tout son septennat de se rendre en Israël ? Etait-ce de la lâcheté, était-ce du mépris, était-ce du Giscard ? Votre hommage au président égyptien sonne faux. C’est comme on dit l’hommage du vice à la vertu.

Vous versez aujourd’hui Monsieur le président des larmes de crocodile sur la mort de Sadate et vous semblez regretter que le président égyptien assassiné n’ait pu continuer à œuvrer en faveur de la paix.

C’est oublier que la France que vous dirigiez avait été le premier des pays européens à condamner les accords de Camp David. A l’époque vous n’aviez eu de cesse de soutenir contre Sadate les durs du monde arabe, ceux que l’on appelait le camp du refus, le camp de la guerre et du terrorisme. C’était l’époque où, flanqué de généraux syriens, vous regardiez Israël à la jumelle. 30 ans, vous avez raison c’est l’occasion de feuilleter avec nostalgie les vieux albums photos. C’est aussi l’occasion de se rafraîchir la mémoire. Bon anniversaire monsieur le président !

Clément Weil Raynal