Le torchon brûle entre le Hamas, qui détient le pouvoir à Gaza, et l’UNRWA. L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, plus connu sous son acronyme anglais UNRWA, joue un rôle important dans la société palestinienne, notamment au sein de la bande de Gaza, où les réfugiés de la guerre de 1948 et leurs descendants forment un peu plus de la moitié de la population. Pour ces derniers, l’UNRWA est un fournisseur de services alimentaires, médicaux et éducatifs, en même temps qu’un employeur.
Une telle dépendance ne va pas sans tensions, surtout quand les islamistes du Hamas veillent au grain. C’est ce qui vient de se produire, lorsque le Hamas a élevé une énergique protestation contre la décision attribuée à l’UNRWA d’inclure dans les manuels de ses écoles l’enseignement de la Shoah.
Il s’agit, en fait, d’une vieille affaire. En août 2009, la rumeur s’était déjà répandue que l’UNRWA, qui gère plus du tiers des écoles dans la bande de Gaza, allait y introduire un enseignement sur les droits de l’Homme et que, dans le cadre de cet enseignement, il serait fait état du génocide commis par les nazis sur les Juifs. Scandale, protestation du gouvernement établi par le Hamas à Gaza, parce que chacun sait, comme le rappelait le chef du département éducatif du Hamas, que ce génocide est «un immense mensonge».
En réponse, les responsables de l’UNRWA se lancèrent dans des explications embarrassées. Ont-ils promis que l’évocation de ce sujet tabou ne troublerait jamais les âmes des enfants de Gaza? Oui, selon les sources arabes locales; non, selon les sources occidentales reprenant les communiqués onusiens.
Tout cela, c’était en 2009. Mais voilà que c’est reparti pour un tour. Le gouvernement du Hamas vient de pousser un nouveau cri d’alerte. Le «mensonge de l’Holocauste» menace à nouveau de polluer les manuels de l’UNRWA.
On attend les démentis de l’UNRWA, à l’usage des médias locaux. Et, sans doute, les démentis de ces démentis, à l’usage des médias occidentaux. D’ores et déjà, des défenseurs français des Palestiniens se sont mobilisés contre cette atteinte à leurs droits.
Billet diffusé sur RCJ le 9 mars 2011
Photo : D.R.