Tribune
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Publié le 24 Février 2003

Caricatures françaises

Jacques Chirac est décidément un héros, bien français. En moins d’un an, il a échappé à deux attentats majeurs. La première fois c’était le 14 juillet sur les Champs Elysées. La seconde, c’était la semaine dernière sur le front anglais : Un complot ourdi par un magna de la presse d’outre manche a tenté de transformer notre président de la République et futur prix Nobel de la Paix en ver de terre. Nous n’en n’aurons décidément jamais terminé avec la perfide albion!



Heureusement, la riposte ne s’est pas faite attendre, ici en France et les protestations indignées ont fusées de toutes part à gauche comme à droite. Chacun y est allé de sa petite phrase pour dire combien la presse anglaise est basse, vulgaire, vendue aux marchands de canons et aux va-t-en guerres… Je vous déconseille de lire un journal anglais dans le métro ou l’autobus. Cela va devenir dangereux. Et le soir, peut-être serait il prudent de n’écouter Radio Londres qu’avec des écouteurs. On n’est jamais à l’abri d’une dénonciation des voisins.

Ainsi donc la presse populaire britannique a osé railler, caricaturer un chef d’Etat étranger, le notre en l’occurrence. Jamais en France, pays des droits de l’homme et du bel esprit, on ne se serait laissé allé à de telles dérives.

Car chez nous, en France, nos caricatures - comme nos fromages - sont bien meilleures et il est de bon goût de les apprécier entre gens de bonne compagnie.

Pas plus tard que cette semaine, l’hebdomadaire VSD affirme sur sa couverture que Georges Bush Jr est un « guignol ». Et L’US Navy n’a pas encore menacé de bombarder les ports français. J’en conclu qu’ils ont du trouver ça drôle.

Cela fait d’ailleurs des années que la presse française traite le président américain de crétin, d’idiot, d’incapable sans susciter la colère des yankees. Probablement parce que nous avons raison. La presse française, c’est notoire, a toujours raison.

L’an passé, le caricaturiste de Libération, Willem, a croqué Ariel Sharon en boucher cacher, puis en crucificateur d’Arafat. C’était à se tordre de rire et Willem a bien eu raison de ne pas se gêner. L’antisémitisme, c’est très tendance aujourd’hui en Europe.

Et a-t-on oublié le merveilleux tube d’il y a quinze ans du chanteur Renaud dans lequel il traînait Margareth Thatcher, le Premier ministre britannique, dans la boue. Mais Renaud c’est parait-il plus qu’un chanteur, c’est un artiste nous dit-on, un artiste officiel. Un artiste français.

Alors messieurs les Anglais, n’essayez plus de tirer les premiers. Cela fait bien longtemps que nous vous avons devancé.

Clément Weill-Raynal

RCJ, lundi 24 février 2003