Tribune
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Publié le 19 Septembre 2011

Combattre une erreur par une erreur, est-ce la raison ? Par Francis Weill

Ce texte est publié dans la rubrique Libres Tribunes réservée aux membres de l'AG ou aux amis du CRIF. Les auteurs expriment ici leurs propres positions, qui peuvent être différentes de celles du CRIF.




Oui, la création d’un état palestinien sans négociation et sans condition est une erreur fondamentale. Nous avons tous raison de le penser. Le problème est que nous sommes à peu près les seuls. Le monde, matraqué par des faiseurs d’opinions pervers, estime cette création trop tardive et parfaitement légitime. Dans ses mémoires, Nahum Goldman, l’ancien président du CJM, raconte que dans ses négociations il a souvent été en difficulté avec ses interlocuteurs juifs : en effet, dès lors qu’ils avaient démontré que leurs arguments étaient ceux de la justice, ils estimaient n’avoir plus rien à négocier. Nous sommes en effet touts élevés dans le paradigme de la justice. Droit et justice, Michpat et Tsedakah, sont sans doute les mots les plus utilisés par les prophètes d’Israël. Oui, nous avons raison. Et alors ?



Et alors le cheval de cette création intempestive est en train de galoper.



Il nous semble que, plutôt que d’essayer de tuer la bête, entreprise difficile et dévalorisante, il serait habile d’enfourcher le destrier, et de crier haut et fort notre soutien à la création d’un état palestinien, tout en formulant des mises en garde, selon la tradition du droit talmudique.



Car nous ne chevaucherions pas ce destrier les mains nues. Nous serions armés d’une longue lance et d’une masse d’armes.



La lance : c’est crier haut et fort aux partisans de cette reconnaissance qu’ils sont par essence partisans de la guerre : qu’un occupant combatte ses occupés, même agressifs, est rarement bien vu. Mais quand de deux états voisins, l’un entretient haine, guérilla et terrorisme, la guerre entre eux risque devenir inévitable: créez donc un état sans révision palestinienne déchirante, et il y aura la guerre, une guerre légitime, une guerre meurtrière dont vous aurez été responsables.



La masse d’armes : qui soutient ‘’les Palestiniens’’ soutient aujourd’hui nécessairement leur composante Hamas : le Hamas, entité islamiste terroriste, accroupi sur sa charte ; charte d’antisémitisme, de génocide promis, de refus de l’existence de l’Etat d’Israël, de réoccupation de tous les territoires autrefois occupés par l’islam ; charte de haine envers tout l’Occident, charte de foi en un complot juif universel, dans laquelle ont lit que toutes les institutions internationales sont juives... y compris le Rotary ; charte de la charia, et donc de l’oppression des femmes, du mariage forcé des mineures, du traitement sauvage des relations entre les jeunes hommes et les jeunes femmes, charte de la sévérité implacable contre l’adultère même plus ou moins prouvé : la masse d’armes, c’est prévenir ceux qui soutiennent les Palestiniens, Hamas compris, qu’ils perdent ainsi leur qualité affichée de républicains, de démocrates, de défenseurs de l’éthique universelle; en vérité, Beemeth, en optant pour l’antithèse de nos valeurs républicaines, ils confirment qu’ils sont des ennemis de la république et perdent toute légitimité et tout crédit.



Sachons donc enfiler les étriers de la création de l’état Palestinien, puisque tout le monde le souhaite - mais sachons aussi guider ce cheval et manier nos armes avec vigueur.



Photo : D.R.