Tribune
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Publié le 17 Mai 2011

DSK sur l’Internet ?

Dernièrement, un texte (au moins) a circulé sur l’Internet laissant entendre que, depuis l’inculpation de Dominique Strauss Kahn, il y aurait une flambée soudaine d’antisémitisme sur l’Internet, liée à cette affaire. Ce texte considère que, parce qu’il y aurait l’indexation « Dominique Strauss Kahn – Juif » sur Google, les textes qui se trouveraient indexés ici pourraient être antisémites. Or, il convient de s’attacher aux faits, lorsque l’on parle de l’antisémitisme sur l’Internet.




Expliquons. Sur Google, 591.000 entrées référencient les mots « DSK - Juif » et 258.000, les mots « Dominique Strauss-Kahn – Juif ». Cependant, les références suivantes sont quelquefois très anciennes et ne portent pas (du tout) sur cette affaire. De fait, pour déterminer s’il pourrait y avoir de l’antisémitisme depuis deux jours sur l’Internet -lié exclusivement ou plus particulièrement- il faudrait consulter les textes les plus récents, pour ces deux indexations.



Or, depuis, deux jours, l’entrée « DSK – Juif », comprend quelques 42.900 textes.



Nos remarques sont donc les suivantes :



1) La plupart de ces textes ne portent pas sur cette récente et affligeante affaire.



2) Certains de ces textes sont assez anciens. Ils sont bien antérieurs à cette dernière affaire.



3) Si, dans le corps d’un texte qui porte sur DSK (ou de textes), on trouve le mot « Juif » à un moment donné, cela ne signifie pas pour autant que ces textes soient antisémites, bien évidemment. A un moment ou a un autre, ces pages parlent de DSK et dans le corps du ou des textes, on peut trouver le nom ou le mot ou la qualification : « Juif ». Prenons à cet égard deux exemples. Il n’y rien d’antisémite à rappeler que DSK est de religion juive ou qu’un Juif aurait pu être ou pourrait être élu en France président de la République. Tout simplement.



4) Or, pour déterminer si, en raison de cette affaire, l’antisémitisme pourrait se développer sur l’Internet, il faudrait assurément plus de temps et d’observation. Les propos antisémites qui sont adressés à DSK, ne sont pas forcément récents. Les allusions antisémites sont pour l’instant symptomatiques et se trouvent sur des sites d’extrême-droite -parfaitement connus par ailleurs- ou des sites violemment antisionistes.



5) Les internautes qui lisent régulièrement ces sites extrémistes, profitent donc de l'inculpation de DSK, pour en rajouter, tant ils exècrent les Juifs. En temps ordinaire et quelque soit le sujet, ces mêmes internautes se lâcheront pour parler des Juifs, tant leur antisémitisme est maladif. Rien de forcément nouveau, donc.



6) Enfin, il faut surtout rappeler qu’alors que cette inculpation aura d’importantes répercussions politiques, sur l’Internet comme ailleurs, les commentateurs font preuve de prudence pour l'évoquer, ils rappellent constamment la présomption d’innocence et ils ne parlent pas de la religion de l’intéressé.



Sur l’Internet, cependant, plus qu’ailleurs, on trouvera sûrement des textes antisémites qui parlent de DSK et des antisémites qui pavoiseront. Il convient alors de rappeler cette évidence :



Si la liberté d’expression est un droit constitutionnel dans de nombreux pays européens, dont la France, les instances judiciaires de ces pays estiment que les dispositions interdisant l’incitation à la haine raciale et la diffusion du racisme constituent des restrictions raisonnables et nécessaires au droit à la liberté totale d’expression.



Marc Knobel



Photo : D.R.