Tribune
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Publié le 11 Mars 2008

«Derrière la visite de Shimon Pérès à Paris, le spectre de l'Iran»

Le quotidien Rue 89 publie un article de Samuel Ghiles Meilhac, doctorant et journaliste : « Derrière la visite de Shimon Pérès à Paris, le spectre de l'Iran », que nous reproduisons. Meilhac a notamment publié "Le Monde diplomatique et Israël 1954-2005, Histoire moderne de l'Etat juif à travers un journal français de référence", aux éditions Le Manuscrit.


L’auteur remarque que « c'est en habitué des palais de la République que Shimon Pérès, Président de l'état d'Israël », entame ce lundi 10 mars sa visite officielle à Paris. « Cela fait plus d'un demi siècle que ce vétéran de la politique israélienne oeuvre à la relation entre la France et Israël. Proche de David Ben Gourion dans les années 1950, à l'époque où la France était le premier fournisseur d'armes du jeune État juif, Shimon Pérès était alors le directeur général du Ministère de la défense et avait à sa disposition un bureau à Paris. En plus des chars et des avions de combat français qui permirent à Israël d'avoir la supériorité sur les armées arabes, c'est le partenariat dans le domaine du nucléaire qui fit d'Israël, grâce à Shimon Pérès, une puissance atomique. »
« Bien que ternie par les récentes représailles militaires israéliennes à Gaza, les relations bilatérales entre la France et Israël sont au beau fixe », note Samuel Ghiles Meilhac, qui explique que « l'élection de Nicolas Sarkozy y est pour beaucoup ». Le Président de la République « n'a jamais caché son hostilité à la politique jugée "pro arabe" de Jacques Chirac et aime se présenter comme un "ami d'Israël" ». Il n'avait pas hésité, « lors de la guerre entre Israël et le Hezbollah de l'été 2006, à prendre à rebrousse poil l'opinion publique française en déclarant qu'il était "plus facile de critiquer Israël lorsque l'on est à Paris que à Haïfa", la ville israélienne soumise aux bombardements de la milice libanaise. »
« Au delà des marques de sympathie que la France et Israël échangent depuis quelques mois, Shimon Pérès est venu chercher autre chose à Paris », estime Samuel Ghiles Meilhac. « Il attend du Président de la République des engagements forts sur le dossier le plus important pour Israël d'un point de vue stratégique: l'Iran. »
Quelle sera l'attitude française en cas de crise majeure sur le dossier iranien, se demande l’auteur de cet article ? Selon Samuel Ghiles Meilhac, Nicolas Sarkozy est déterminé à poursuivre la politique des sanctions contre Téhéran, même en dehors du cadre des Nations Unies. « Rien ne permet pourtant de savoir quelle sera sa politique si l'Iran se dote de l'arme nucléaire et si Israël ou les États-Unis décident de mener une frappe. C'est pourtant à l'aune de cette possible crise que pourra se mesurer la véritable rupture de Nicolas Sarkozy sur une question internationale qui a un impact décisif sur les relations qu'entretient la France avec Israël, les États-Unis et le monde arabo-musulman », conclut l’auteur.