Tribune
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Publié le 9 Décembre 2003

Droit de réponse de Monsieur François Pécheux. Producteur de « Mon Kanar »

Messieurs,



Je prends à l’instant connaissance des propos que vous tenez à l’égard du journal pour enfant que je présente sur France 3.

Vous fondez votre jugement et votre argumentation sur un texte mis en ligne sur le site de l’émission, écrit par un rédacteur débutant en charge du site, dans l’urgence et sans avoir été validée par la rédaction en chef.

Nous avons corrigé cette erreur de subjectivité effectivement très déplacée dès que nous en avons pris connaissance et adressé nos excuses aux internautes par le biais de la médiatrice de France 3. Pour ce qui me parait essentiel, à savoir de quelle manière nous avons traité précisément l’information de ce mur, dit « clôture de sécurité » je vous renvoie à l’émission du 6 novembre qui est toujours en ligne sur le site de l’émission.

Vous verrez précisément que les mots prononcés sont loin de ce qui était écrit sur le site. Le sujet est délicat, sensible et complexe. L’est-il trop pour être abordé dans un journal pour enfant ? Notre souci de clarté nous a peut-être ce jour-là conduit à des raccourcis qui ont pu vous paraître choquants. Votre réaction nous incitera à encore plus de vigilance dans le choix de chacun des mots, images, dessins qui nourrissent quotidiennement le contenu de cette émission. Quant aux intentions personnelles que vous me prêtez, « les grossièretés répétées à coeur joie », le lien pernicieux avec le reportage suivant qui donnait la parole à de jeunes acteurs qui dénonçaient le problème de l’inceste, je ne peux y voir que l’expression de votre propre subjectivité. Elle me blesse et me pose question.

Cette pièce se jouait la veille à La Villette et elle présentait pour nous en plus de l’intérêt du sujet, l’actualité culturelle du moment. Quant au grave problème de l’antisémitisme dans ce pays, le journal s’est toujours efforcé d’en alerter les consciences. Que ce soit par le témoignage direct de victime harcelée à l’école, par l’écho clair et didactique donné aux mesures nouvelles de répression prises par le gouvernement, ou par les reportages qui ont suivi l’incendie de l’école juive de Gagny... Nous avons fait notre mea culpa sur la maladresse mise en ligne sur le site Internet de l’émission. Vos réactions nous pousseront dans l’avenir à encore plus de vigilance dans notre manière de donner aux enfants les clés nécessaires pour appréhender le monde et ses soubresauts. Enfin, mes intentions personnelles sont très loin de ce que vous pouvez penser. Puisse ce courrier vous amener à corriger votre jugement, et aussi celui de qui viendrait à tomber sur les lignes que vous signez sur le site du CRIF.

Bien à vous.

François Pécheux

(producteur de « Mon Kanar »)



Réponse :

Nous prenons acte des réponses de Monsieur François Pécheux, producteur de l’émission Mon Kanar, sur France 3. Nous constatons que M. Pécheux regrette les quelques formulations douteuses et les raccourcis simplistes, qui ont été constatés sur le site Internet de France 3. Notre démarche aura au moins servi à quelque chose, puisqu’on nous assure maintenant de l’entière vigilance de l’équipe.

M. Pécheux affirme en toute bonne foi qu’il n’était pas de son intention de juxtaposer le sujet d’Israël et le sujet de l’inceste dans un même reportage, ce que nous n’avons pas mis en doute. Nous avons été néanmoins choqués par la maladresse de cette phrase de transition : « À la Sainte Bertille, les yeux des kanars brillent ! Et pourtant ce n'est pas drôle tous les jours ! En Israël et en Palestine en tout cas ce n'est pas vraiment la joie. Surtout depuis que les Israéliens se sont mis en tête de construire un mur autour de la Palestine pour être tranquilles. Autrement dit, si votre voisin vous fait des misères, et bien faites un mur autour de son jardin, ça lui fera les pieds et il ne pourra plus vous embêter… Quelques fois, on se dit qu'en France ce n'est pas beaucoup mieux ! Trop d'enfants subissent des avances sexuelles de la part de leurs parents. On appelle ça l'inceste. Et dans ces cas-là, il n'y a qu'une chose à faire : en parler autour de soi ! Cissé, notre reporter du jour pour Mon Kanar, nous emmène voir une pièce de théâtre dans laquelle …. »

Marc Knobel et David Gamrasni