Cela concerne Elena Kagan, une juriste américaine qui vient d’être nommée par le président Obama à la Cour suprême des États-Unis. Une telle nomination doit être validée par le Sénat, et ces jours-ci Elena Kagan planche devant la commission du Sénat chargée des affaires de justice. L’audition, parfois mouvementée, suscite des publications et des commentaires.
En matière de commentaires, Elena Kagan a été plutôt servie. Certains se sont demandé si elle est lesbienne, et si oui en quel sens cela influencerait son jugement. D’autres ont plongé dans ses déclarations ou ses écrits passés en matière de liberté d’avortement ou de liberté d’expression. On a fait remarquer aussi que, si Elena Kagan est confirmée à la Cour suprême, il y aura au total parmi les neuf juges six catholiques et trois juifs, et pas un seul protestant.
Mais ce qui agite les gens, c’est une déclaration faite par Elena Kagan il y a des années, quand elle était doyen de la faculté de droit de Harvard. Elle avait fait un éloge appuyé du juge Aharon Barak, qui était alors président de la Cour suprême d’Israël. «Aharon Barak est pour moi un modèle», avait-elle dit.
Or le juge Barak, s’il est effectivement respecté dans le monde entier, s’est fait aussi quelques ennemis par son «activisme judiciaire». On a donc interpellé Elena Kagan sur cette déclaration : Aharon Barak est-il vraiment un modèle ?
Voici ce qu’elle a répondu : «Je crois que ce n’est un secret pour personne que je suis juive. L’État d’Israël est très important pour moi et pour ma famille. Et j’admire le juge Barak, en raison de ce qu’il a fait pour l’État d’Israël et pour l’indépendance de sa justice.»
Comme je le disais en introduction, il est parfois intéressant de se demander si des paroles prononcées aux Etats-Unis pourraient être prononcées en France.
(Billet diffusé sur RCJ le 30 juin 2010)
Photo : D.R.