Ce rassemblement attire traditionnellement des dizaines de milliers de visiteurs, venus souvent en famille, dans une atmosphère qui se veut chaleureuse et bon enfant. L’UOIF, qui incarne la tendance dure de l’islam de France, réussit à toucher un public très large, qui ne souscrit pas forcément à toutes les options de l’organisation islamiste. La réunion du Bourget, ou je me suis rendu dimanche, est donc l’occasion de prendre le pouls de la communauté musulmane.
Manifestement, les organisateurs avaient fait le nécessaire pour donner à cette manifestation le caractère le plus ouvert et le plus modéré possible. A la tribune le théologien Hani Ramadan a tenu des propos tout à fait convenables. Il y a quatre ans, il avait fait scandale en justifiant la lapidation des femmes adultères. Toujours à la tribune et devant une salle comble, le prédicateur vedette Hassan Iquioussen a exhorté les jeunes à se comporter en bons musulmans. Iquioussen, qui l’an passé avait tenu des propos peu amènes sur les juifs dans des cassettes diffusées en banlieues, Iquioussen a semble-t-il lui aussi mis un peu d’eau dans son vin.
Faut-il en déduire que les dérapages des années passées sont loin derrière et qu’un islam de France à la fois dynamique, serein et apaisé est en train d’émerger ? On aimerait sincèrement pouvoir s’en persuader.
Mais alors pourquoi donc Dieudonné qui s’est rendu samedi au Bourget, a-t-il été aussi applaudi par le public lors de sa visite des stands. Pourquoi trouvait-on encore cette année dans un ou deux stands, comme l’an passé, des cassettes et des CD, glorifiant les attentats suicides du Hamas ? Des hommes politiques français étaient présents à la tribune ainsi qu’un prêtre, catholique et un pasteur protestant. Pourquoi aucun rabbin ni aucune personnalité juive n’ont-ils été invités ? Bien sûr, il serait malhonnête de réduire la manifestation du Bourget à ces quelques fausses notes. Il n’empêche. Tout cela ne peut que laisser un petit goût d’amertume et le sentiment que beaucoup reste encore à faire pour établir des relations cordiales et chaleureuses entre les communautés juives et musulmanes.
Clément Weil Raynal
RCJ, lundi 8 mai 2006