Tribune
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Publié le 14 Janvier 2009

Est-ce là votre seule gloire ?

En 1943, à Revel, près de Toulouse, lorsque les élèves se rendaient dans la cour de récréation, un petit gosse de confession juive d’une douzaine d’années, se plaçait toujours près d’un mur, pas loin des salles de classes. Il restait à côté de son instituteur, qui le protégeait. Ce petit gosse avait peur. Il craignait que les autres gosses se ruent sur lui et qu’ils se mettent à crier : « Petit youpin, petit youpin.. ! » Ce petit gosse c’était mon père.


Le 5 janvier 2009, à Villiers-le-Bel, une adolescente de 14 ans a été agressée à la sortie de son établissement scolaire par des élèves de son collège. S’agissait-il de copains, de copines ? Les insultes antisémites et les menaces ont alors été proférées « Tu vas payer pour ce que font les Israéliens à Gaza » « Tu diras à tes frères juifs qu’on ne laissera pas faire ». Elle a été ensuite projetée à terre et frappée à coups de pied brisant ses lunettes.
Cette petite gosse a dû être effrayée, la peur au ventre à en pleurer. Mais pourquoi donc les copains et les copines voyaient en elle une « sale juive » ? Pourquoi devait-elle endosser roquettes et bombes de Gaza et autres Sderot ? En quoi, était-ce de loin ou de près de sa faute, de sa responsabilité ? Et pourquoi devait-elle porter cette croix-là ?
En 1941-1942, dans le troisième arrondissement de Paris, les petits magasins avaient été fermés les uns après les autres puis les fonds avaient été spoliés. Les petits artisans, les commerçants et les ouvriers qui tenaient commerce, avaient cru de leur Pologne lointaine ou de leur Ukraine « maudite » qu’ils seraient heureux comme Dieu en France. Les artisans, les commerçants, les ouvriers furent arrêtés ou s’enfuirent parce que Juifs et sur les devantures des magasins fleurirent de petites affichettes pour expliquer que ces commerces étaient tenus par des Juifs. Pas loin de là, dans un petit square, il y avait un petit panonceau qui marquait que ce lieu était interdit aux Juifs. Mon père me l’a raconté.
Le 5 janvier 2009, sur la vitrine d’un magasin, appartenant à un commerçant de confession juive, à Saint-Fons, une inscription « 385 morts palestiniens – 3 étoiles de David » a été retrouvée. A Bordeaux, dans la soirée du 1er janvier 2009, un tag a été retrouvé sur la vitrine d’une boucherie cacher : « Boycott des produits d’Israël ! », etc… etc…
J’arrête là ! Oui, stop ! Je n’ai plus envie maintenant de rapprocher des événements qui n’ont pas lieu d’être et je m’interdis dorénavant de faire le moindre amalgame. Cela n’a aucun sens ! Oui, c’est vrai. Mais, je ne peux m’empêcher de dire ma peine et mon effroi.
-Cela fait depuis trop d’années que les petits gosses Juifs ont peur !
-Mais où donc, me répondrez-vous ?
-En bas de chez vous, chère Madame !
-Cela fait depuis trop d’années que les fidèles rasent les murs !
-Mais où donc, me répondrez-vous ?
-En bas de chez vous cher Monsieur, au coin de votre rue.
-Cela fait trop d’années que des Juifs doivent cacher leur kipa !
-Mais où donc ?
-Etes-vous donc aveugle ???
J’ajoute que cela fait depuis trop d’années que les Juifs ont mal des rires sarcastiques de Dieudonné, pauvre et piteux clown d’opérette. Cela fait trop d’années que dans des forums, sur le Net et autres Facebook, on se gausse des Juifs. Quelle belle rigolade que voilà, que de boute-en-train et de si joyeux lurons qui rient et rient encore : « youpins ! youpins !!!! »
Alors, dîtes moi un peu, bonnes âmes, qui êtes toujours si prompts à défiler dans les rues, qu’allez-vous donc faire pour que le petit Juif soit respecté dans sa cour d’école, en bas de chez vous ?
Est-ce là vraiment notre seule gloire ?
Marc Knobel