Marc Knobel
Le 25 avril 2006, à l’occasion de Yom HaShoah, l’Etat d’Israël et les Juifs du monde entier commémorent les six millions de Juifs exterminés par les Nazis. En ce mois d¹avril, les Juifs ne sont pas les seuls à se souvenir du génocide dont ils ont été les victimes. Le 7 avril, on a commémoré le douzième anniversaire du génocide des Tutsis commis au Rwanda par le régime Hutu-Power. Le 24 avril, les Arméniens se remémorent le génocide commis contre eux en 1915 par le régime Jeune-turc ottoman. Bien qu¹ils soient connus et largement documentés, ces trois génocides ont été niés et le sont encore aujourd’hui par des assassins de la mémoire qui s¹appliquent à faire en sorte que chacun de ces génocides « demeure une page de gloire d¹une histoire qui n¹a jamais été écrite et qui ne le sera jamais », pour reprendre les termes d¹un génocidaire nazi de premier plan : Heinrich Himmler.
… Les Arméniens sont constamment agressés par un négationnisme turc d’Etat, ayant pignon sur rue et cautionné par quelques universitaires. Dans les deux cas, les négationnistes ne reculent devant rien. Ainsi, ils invoquent souvent l’unicité de la Shoah pour mieux nier les génocides des Arméniens et des Tutsis. En utilisant ce procédé pervers, ils souhaitent susciter la concurrence des victimes. La singularité de la Shoah ne nous ferme pas à la souffrance d¹autrui. Bien au contraire, notre réflexion sur la Shoah nous ouvre aux autres souffrances de l¹histoire. Les organisations arméniennes et tutsies avec lesquelles nous menons ce combat agissent dans la même disposition d¹esprit. Elles rejettent avec la même force la concurrence des victimes et ne cherchent pas à banaliser la Shoah ni à remettre en cause sa spécificité…
En exprimant notre solidarité et notre fraternité à l’égard des Arméniens et des Tutsis, non seulement nous nous montrons fidèles à la mémoire de la Shoah, mais nous respectons les principes de liberté et de justice qui ont guidé le peuple juif à travers les siècles. Il nous appartient d¹être à la pointe du combat contre la négation des génocides si nous voulons nous montrer dignes de la maxime d¹un sage du Talmud, Hillel l¹Ancien : « Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? Si je ne suis que pour moi, qui suis-je ? Et si pas maintenant, quand ? »
Sont également signataires, les membres du conseil d¹administration du CCLJ : David Susskind, président d¹honneur, Olivier Azran, Benjamin Beeckmans, Brigitte Feys, Nathalie Francotte, Dorothée Gabai, Liora Gancarski, Daphné Gellert, Henri Gutman, Oriana Klausner, Joël Kotek, David Kronfeld, Nicole Lambert, Joachim Marciano, Muriel Markowitch, Michaël Spiegl, Yaël Spiegl, Selma Szwarcman, Laurent Violon, Stéphane Wajskop, Lou Weinber, Willy Wolsztajn et Olivier Boruchowitch, rédacteur en chef de la revue Regards et Mirjam Zomersztajn, directrice.