Quelques individus médiatiques en rajoutent là où on ne devrait pas les attendre ; ici l’équipe de France est jugée ayant trop de Noirs, là, un philosophe renommé voit une équipe « black, black, black ». Le « multiculturalisme sportif » attendra ! Dans tous les cas, il ne s’agirait que d’écarts accompagnés des excuses rituelles tant la charge apparaît, subitement, comme inadmissible. C’est heureux. La liste pourrait s’allonger de ces as du volant, réfugiés courageusement en Suisse pour échapper à l’impôt et à la notoriété… et cités en exemple au panthéon de la réussite française! L’impatriation de jeunes espoirs de foot africains victimes d’un véritable trafic, et dont semble vouloir s’émouvoir Rama Yade, complète les dispositifs. On la soutiendra.
Le sport tolère tous ces accommodements d’avec la citoyenneté parce qu’il autorise l’expression compulsive de la passion, sinon la déraison. La question dont nous débattons n’est pas celle des rencontres internationales où, bien souvent, les États peuvent pousser au crime ; il s’agit plus simplement du quotidien des rencontres de bon niveau dans lequel l’air de fête, heureusement le plus fréquent, prend parfois des allures d’application du droit romain qui distillait du pain et des jeux pour étourdir les sujets et les contenir, en quelque sorte les dépolitiser. Rien n’est inéluctable dans ces approches aux relents racistes ; il est certain que l’appropriation du sport dans une perspective humaniste fondée sur nos valeurs républicaines est une exigence qu’éducateurs, public spectateur et dirigeants devraient avoir en permanence comme guide de comportement. Inventons un brevet de citoyenneté sportive donnant accès gratuit aux spectacles !
Jean Lafontan, responsable national SNEP de la politique sportive (tribune libre parue dans l’Humanité du 9 décembre 2009)
Photo : D.R.