Quel regard portera-t-on sur notre époque, dans un ou deux siècles ? Comment qualifiera-t-on l’homme de ce 21ème siècle commençant ? Le dépeindra-t-on comme uniquement dépendant -si ce n’est accro- de toutes les hautes technologies et/ou d’électronique made in Japan ou China ? Le désignera-t-on, le dessinera-t-on dans les manuels d’histoire avec son seul portable pour colt, une wifi livebox à portée de la main, l’œil rivé sur le téléviseur haute définition de quatrième génération, le MP3 ou le MP4 juste à ses pieds ?
Et, dans cette cauchemardesque illusion technologique dira-t-on aussi que l’homme du 21ème siècle fut un grand angoissé ? Rappellera-t-on alors combien l’homme eut peur, effroyablement ? Parlera-t-on de ses traumatismes réels ou virtuels : le H1V1 (la grippe aviaire, la grippe A ou porcine, ou mexicaine, la grippe à venir (celle des poissons rouges…) ? Le HIV ou SIDA et les autres virus et tous les machins microscopiques que l’on ne voit pas ? La bombe atomique que l’Iran voudrait détenir ? Que la Corée du nord détient déjà ? Que le Pakistan pourrait balancer sur l’Inde, ou réciproquement ? Le chômage endémique et son lot de déshérités, de paumés, de crèvent-la-dalle ? La crise économique et ses loosers ? La pollution de l’eau, du sol, de l’air ? Le réchauffement climatique qui n’en finit pas d’hanter nos esprits ? Les irradiations en tout genre, le Tchernobyl passé et ceux à venir ? Al Qaeda, le World Trade Center et les détournements d’avion ? Le bus qui saute, le métro qui saute, le train qui déraille, l’avion qui explose ou qui se crashe en mer ? Les gens que l’on vire de chez eux ? Les SDF ? Les sans grades ? Les sans rien, Les plus rien … ?
Dira-t-on aussi, dans ce contexte difficile, que l’homme fut pétri de liberté ? Que des hommes et des femmes refusèrent l’arbitraire ? Que des hommes et des femmes protestèrent contre les élections tronquées et truquées et les malversations de toutes sortes ? Dira-t-on que des hommes et des femmes dénoncèrent avec leur plume les scories infernales qui empoisonnent nos vies ? Se rappellera-t-on de ces iraniens qui ont arboré un morceau de tissu de couleur verte au printemps de l’année 2009 ? Se rappellera-t-on que les tibétains n’ont pas envie d’être oubliés ? Se rappellera-t-on que des hommes et des femmes de bonne volonté croient en la paix, même au Proche-Orient ? Se rappellera-t-on que d’autres hommes (et d’autres femmes) se sont battus contre les discriminations, pour l’égalité, dans un esprit de fraternité ? Que des inconnus, des anonymes ont offerts de la soupe, un gite ou un toit, à des immigrés pourchassés ? Que des inconnus, des anonymes ont nettoyé nos plages et nos rues ? Que des anonymes et des inconnus ont ouvert leur cœur en priant avec le cœur plus que par cœur dans un élan de générosité et de bonté ?
Ou se rappellera-t-on seulement de ce soir du 7 juillet 2009, lorsque les télévisions retransmirent cette soirée de dévotion pour Michaël Jackson ? Comme si la mort de Michael Jackson -tout aussi malheureuse soit-elle- était plus malheureuse encore que les légions de ceux dont on ne parle pas : les un milliard deux cent millions de gens qui souffrent de la faim.
Oui, cela se passe comme cela au 21ème siècle commençant. Putain de siècle.
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