Ilan Elgar ôte ses gants de diplomate pour fustiger la Suisse. La Confédération a, selon lui, «clairement» pris parti contre Israël en soutenant la tenue, à Genève, d’une réunion extraordinaire du Conseil des Droits de l’Homme sur la question de Gaza. «La Suisse est le seul pays occidental à soutenir la demande des pays arabes. Je trouve cela très problématique», a lancé hier l’ambassadeur d’Israël à Berne dans une interview à la SonntagsZeitung.
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dément tout parti pris helvétique dans le conflit. Georg Farago, porte-parole du DFAE, rétorque que pas moins de 32 pays, sur les 47 membres du Conseil, ont réclamé cette réunion extraordinaire qui s’est ouverte vendredi à Genève.
«Politiquement grillée»
Le DFAE estime avoir réagi de façon «équilibrée» au conflit: «La Suisse a condamné les tirs de roquettes par le Hamas sur le sud d’Israël, rappelle Georg Farago. Elle a aussi condamné la réponse disproportionnée de l’armée israélienne.» Les critiques d’Israël n’étonnent pas Martine Brunschwig Graf.
Membre de la Commission de politique extérieure du National, la libérale genevoise observe que «la Suisse s’est politiquement grillée dans ce dossier». En mars 2008, «elle était le seul pays occidental à soutenir la résolution anti-Israël de ce même Conseil des Droits de l’Homme, dit-elle. Et quelques jours plus tard, Micheline Calmy-Rey posait avec un voile aux côtés du président iranien. Les Israéliens se sont sentis trahis.»
«Devoir de réaction»
Dans les rangs des Verts et de la gauche, les critiques de l’ambassadeur n’émeuvent guère. «Il représente les intérêts de son pays, c’est tout», dit Ueli Leuenberger, président des Verts suisses.
Participant de premier plan à la manifestation de soutien à la cause palestinienne samedi à Berne, le conseiller national parle d’un «devoir de réaction de la Suisse. J’attends encore plus d’engagement encore de Micheline Calmy-Rey, car le conflit actuel est l’un des résultats de la politique d’occupation des territoires appliquée par Israël».
«Résultats rassurants»
Un sondage publié hier dans Le Matin dimanche montre que plus de la moitié des Suisses (53%) déclare «comprendre qu’Israël soit intervenu militairement dans la bande de Gaza».
Carlo Sommaruga (PS/GE), lui aussi présent à la manif de samedi, hausse les épaules. «C’est un devoir de la gauche de réagir, à cause des valeurs fondamentales qu’elle défend, dit-il. J’observe aussi que la majorité des sondés demande que les deux peuples puissent cohabiter. Pour y arriver, il faudrait que cesse la prise en otage de la population de Gaza dans des conditions scandaleuses.»
Martine Brunschwig Graf trouve les résultats du sondage «rassurants, cela montre que les citoyens savent apprécier une situation».
Source : Tribune de Genève, 12 janvier 2009