Tribune
|
Publié le 3 Novembre 2011

J’accuse, par Francis Weill

Ce texte est publié dans la rubrique Tribunes Libres réservée aux commentaires issus de la presse. Les auteurs expriment ici leurs propres positions, qui peuvent être différentes de celles du CRIF.




J’accuse…
… mesdames et messieurs les politiciens (d'ici et d'ailleurs) de ne pas être sincères.



Qu’on me pardonne cette expression triviale qui n’entre pas dans mes habitudes d’écriture ; elle était nécessaire pour qu’on ne m’accuse pas de me prendre pour Emile Zola.
Reportons nous en arrière : entre 1945 et 1955 l’Allemagne fédérale a été progressivement réhabilitée ; elle a été admise dans la CECA, la communauté charbon-acier, puis dans la CED, la communauté européenne de défense, organismes dont sont sorties, dans la paix, les institutions européennes.



Mais si...



Si Mr Adenauer avait été un ancien dignitaire nazi, les choses se seraient elles passées comme cela ?



S’il avait été le dirigeant d’un part nazi résiduel, affichant comme programme le refus de toute paix avec les vainqueurs et l’impérieux devoir de réoccuper l’Alsace, la Lorraine et la Pologne, de toute façon représentés sur les cartes géographiques comme des territoires allemands,



S’il avait animé en sous-main des terroristes (rappelez-vous, les fameux ‘’loups-garous’’ prévus par Hitler),



Si des ‘’loups-garous’’ avaient disposé de missiles et les avaient régulièrement mis à feu en direction de Strasbourg,



si les négociateurs allemands éventuels d’une situation plus pacifique avaient été d’avance condamnés à mort par le parti...



Oui, si, si, si, si tout cela ????



L’Allemagne serait-elle prospère et pacifique, et l’Europe aurait-elle été construite ? Evidemment non ! Il n’y aurait pas d’Europe, l’Allemagne serait encore occupée et la vie y ressemblerait plus à celle de l’Irak ou de l’Afghanistan d’aujourd’hui qu’à celle du Berlin que nous connaissons.



Or cette projection dans le passé recouvre exactement la situation existant aujourd’hui, en 2011, en Israël et autour d’Israël. Les politiciens le savent, mais font comme si ces pesanteurs mortelles n’existaient pas (vous avez dit Unesco?). Ils n’arrêtent pas de souhaiter des négociations qu’ils savent impossibles puisque rejetées de principe par le camp adverse : la charte du Hamas, qui n’est pas assez lue, est aussi explicite que l’était ‘’Mein Kampf’’. Ces politiciens encouragent l’agressivité et l’intransigeance arabes, puisque, en fermant les yeux, ils l’admettent de fait ; ils induisent leurs électeurs en erreur ; ils sont responsables du climat détestable que doit affronter Israël dans l’opinion.



Qu’ils sachent au moins que nous ne sommes pas dupes.



Photo (Francis Weill) : D.R.