Tribune
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Publié le 23 Janvier 2007

Jacques Peyrat : retour à la case départ ?

La nouvelle a fait grand bruit sur la place niçoise après l’interview donnée à Nice Matin le jeudi 11 janvier par le sénateur maire de Nice, Jacques Peyrat (1), qui a déclaré préférer voter Jean-Marie Le Pen dans le cas d’un second tour des présidentielles qui opposerait le leader du Front national à Ségolène Royal. Dans l'hypothèse d'un duel entre la socialiste Ségolène Royal et le candidat Front national (FN) Jean-Marie le Pen au second tour, Jacques Peyrat avertit: « Je ne voterai jamais socialiste. (...) Jamais pour ceux qui ont soutenu le Vietminh et le FLN ». Le maire de Nice va plus loin: « Toujours je m'engagerai. Et je voterai donc pour le deuxième candidat de droite », précisant à propos du FN: « Je ne vais tout de même pas cracher sur ceux qui appartiennent de près ou de loin à ma famille ».


Les réactions n’ont évidemment pas tardé et le Mouvement des jeunes socialistes azuréens en a même appelé au ministre Christian Estrosi par le biais d’une lettre ouverte demandant au président de l’UMP 06 de réagir vis-à-vis de ces propos « plaçant M. Peyrat en dehors du champ républicain, préférant les partis xénophobes et prônant le rejet de l’autre ». Même réaction de la part de Patrick Allemand, vice-président socialiste de la région PACA, qui dénonce « un passé frontiste sur lequel Jacques Peyrat s’était fait très discret ces dernières années, ce qui pourrait être l’indicateur d’un changement de stratégie. Dans Nice Premium (14 janvier), le député UDF des Alpes Maritimes, Rudy Salles, dit avoir pris connaissance des propos de Mr Peyrat : « Cela ne m’étonne pas. Il n’a jamais d’ailleurs accepté de renier son passé au Front National (jusqu’en 1995). Si Jacques Peyrat avait été un membre de l’UDF, il aurait déjà été écarté, comme en son temps Charles Million. Cette vieille amitié avec ses anciens amis est particulièrement flagrante lors du conseil municipal. On voit très bien qu’il y a de plus en plus de connivence avec le représentant FN. » Rudy Salles ajoute : « Nous sommes dans une situation inédite. C’est la première fois en France qu’un élu UMP déclare sa flamme à un parti d’extrême droite ».
Dans ce même entretien, Rudy Salles souligne l’absence de réaction du parti de Nicolas Sarkozy : « Je suis surpris par ce silence, mais ce n’est pas mon problème. »
La communauté juive condamne les propos de Jacques Peyrat
Les responsables communautaires ont réagi, indique l’hebdomadaire Actualité juive, dans son édition du 18 janvier 2007. Maître Martine Ouaknine, présidente régionale du CRIF, n’est pas « surprise » : « Seuls les gens qui pensaient que Jacques Peyrat avait changé le sont. C’est un homme de convictions. Il prouve qu’il est resté fidèle à ses convictions. Cette déclaration refroidit nettement la qualité des relations cordiales qui avaient pu être établies. »
Joseph Bénichou, ancien Président du Consistoire, qui avait participé en 2005 à un voyage en Israël dans le cadre du nouveau jumelage entre Nice et Netanya pense que « cette équation ne se posera pas » mais se dit « surpris de cette réponse d’autant que Jacques Peyrat appartient à une famille politique, l’UMP ». Enfin, le Grand Rabbin David Shoushana analyse ainsi l’attitude du maire de Nice : « Je crois qu’entre le mal et le pire, Jacques Peyrat choisit, selon lui, le mal. Mais peut-on faire des compromis avec le mal ? Je ne le pense pas ».
Marc Knobel
Note :
  1. Nous reproduisons ci-après l’article qui le concerne dans l’encyclopédie en ligne Wikipedia :
Jacques Peyrat (né le 18 octobre 1931 à Belfort) est un homme politique et avocat français, maire de Nice depuis 1995 et sénateur des Alpes-Maritimes depuis 1998.
Jacques Peyrat est issu d’une famille de militaires. En 1946, la famille Peyrat s’installe à Nice, où il poursuit ses études de droit et de lettres.
En 1947, âgé de 16 ans, il adhère au RPF, tout juste créé par le général de Gaulle.
En 1953, il s’engage dans un bataillon parachutiste de la Légion étrangère. C'est en Indochine française qu'il rencontre et se lie d'amitié avec Jean-Marie Le Pen.
À son retour à la vie civile, il intègre le monde socioprofessionnel. Son dévouement à la présidence de groupements parachutistes et aéronautiques lui vaut la médaille d’argent de la jeunesse et des sports.
En 1962, il débute une carrière politique, d'abord au CNI, puis chez les Républicains indépendants de Valéry Giscard d'Estaing, comme conseiller municipal de Nice auprès de Jean Médecin. Parallèlement, il s’engage dans le métier d’avocat, avec une spécialisation en droit pénal.
En 1973, il rejoint le Front national. Il est député FN de 1986 à 1988, conseiller général du canton de Nice 14 de 1992 à 1998 et conseiller régional.
En 1995, Jacques Peyrat quitte le FN et est élu maire de Nice, sous l’étiquette « Divers droite »; il sera réélu en 2001.
En 1996, il rejoint les rangs du RPR. Il est élu député des Alpes-Maritimes en 1997.
Depuis le 27 septembre 1998, il est sénateur RPR puis UMP des Alpes-Maritimes et en 2002, il crée la CANCA, dont il prend la présidence.
Il est également membre du Conseil supérieur de la réserve militaire et membre de la Haute Cour de justice.