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Tout désignait donc Alexis Keller pour suggérer à l’Israélien Yossi Beilin, qu’il rencontra fin 2001 lors d’un colloque sur les bords du Léman, de l’aider à reprendre les difficiles négociations avec les Palestiniens. « J’ai posé une simple question à Beilin : accepterait-il de reprendre et d’achever les accords de Taba ? Avec quelques amis nous lui avons offert cette possibilité », raconte, enthousiaste, Keller.
Gagné sans doute par l’optimisme du jeune universitaire, Yossi Beilin relève le défi. Alexis Keller offre également le soutien financier de la fondation caritative dirigée par son père et met le chalet familial des Alpes bernoise à la disposition des négociateurs.
En juste rétribution de son aide, Beilin investit Keller d’une mission et le charge de se rendre en Israël - où il n’a jamais mis les pieds auparavant - afin d’effectuer plus d’une vingtaine de navettes entre Jérusalem, Ramallah et Genève.
- « J’ai eu la chance inouïe d’assister aux négociations sur les cartes. Je crois maintenant être un assez bon connaisseur de la région», raconte le jeune professeur de droit au micro de Jean-Pierre Elkabbach.
Après deux ans et demi de négociations secrètes, le « Pacte de Genève » est donc sur le point d’être présenté officiellement. Sur l’antenne d’Europe 1, Alexis Keller en expose les grandes lignes.
- Keller : « Les Palestiniens récupèreront nonante-huit pour cent de territoires occupés et Jérusalem sera la capitale de deux Etats. »
- Elkabbach : « Comment le partage sera-t-il effectué ? »
- Keller : « Eh bien, ce qui est arabe ira aux Palestiniens, et ce qui est juif ira aux Israéliens. »
- Elkabbach : « Le mur des lamentations ? »
- Keller : « Aux Israéliens. »
- Elkabbach : « L’esplanade des mosquées ? »
- Keller : « Aux Palestiniens. »
- Elkabbach : « Et le vieux quartier de Jérusalem ? »
- Keller (étonné) : « Qu’est ce que vous entendez par là… ? »
- Elkabbach (hésitant) : « Eh bien,… »..
- Keller : « Vous voulez parler du quartier juif ? »
- Elkabbach : « Oui, c’est ça ! le vieux quartier juif de Jérusalem. »
- Keller : « Il reviendra aux Israéliens. »
On reste pantois devant un tel succès de la diplomatie parallèle helvétique.
Mais quel est le secret d’Alexis Keller ? Jean-Pierre Elkabbach est bien décidé à mener l’interview jusqu’au bout.
- Elkabbach: « Alexis Keller, vous êtes Suisse, mais vous n’êtes pas juif… ? »
- Keller : « Non je ne suis pas juif. Je suis d’une famille suisse de vieille culture protestante. »
- Elkabbach : « Autrement dit, c’est un engagement raisonné et total de votre part. »
- Keller : « Absolument ! Et absolument passionné. »
Clément Weill-Raynal
NB. L’enregistrement intégral de l’interview d’Alexis Keller est disponible durant trente jours sur le site Internet d’Europe 1.