Tribune
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Publié le 9 Février 2009

L'ancien président iranien Mohammad Khatami a officialisé dimanche sa candidature à l'élection présidentielle de juin prochain, où il sera opposé à son successeur, Mahmoud Ahmedinejad

« J'annonce aujourd'hui que je serai bien candidat à l'élection », a déclaré Khatami lors d'un rassemblement de militants progressistes. Sous ses deux mandats à la présidence iranienne, de 1997 à 2005, les relations entre l'Iran et l'Occident s'étaient légèrement améliorées.



« L'inclination historique du peuple iranien est d'obtenir la liberté, l'indépendance et la justice et j'y travaillerai », a-t-il déclaré. Mohammad Khatami affrontera son successeur et président sortant, le conservateur Mahmoud Ahmadinejad, dont le mandat a été marqué par un durcissement des rapports avec les Occidentaux, notamment à propos du programme nucléaire de la République islamique.



Les chancelleries occidentales soupçonnent Téhéran de chercher à se doter d'un arsenal nucléaire, une accusation rejetée par l'Iran qui revendique des objectifs purement civils. La défiance suscitée par le régime iranien a déjà conduit les Nations unies à adopter trois trains de sanctions. Le président américain Barack Obama a néanmoins esquissé une nouvelle approche de la question, proposant de tendre la main aux autorités iraniennes si ces dernières « desserraient le poing ». Washington et Téhéran ont rompu leurs relations diplomatiques depuis la révolution islamique en 1979. Mais certains analystes estiment que Washington pourrait attendre l'issue du scrutin de juin avant de détailler ses propositions. De son côté, l'Iran a fixé des conditions très strictes pour l'ouverture de pourparlers, un geste visant semble-t-il à gagner du temps en vue de l'élection.



La présidentielle ne bouleversera pas la politique de la République islamique où l'ayatollah Ali Khamenei décide en dernier ressort; mais le président peut peser sur la conduite iranienne en profitant du consensus politique que le Guide suprême de la révolution cherche à établir, estiment les analystes. « Les gens ressentent le besoin de changement en raison de la politique étrangère et des politiques économiques d'Ahmadinejad. Par conséquent, nous pensons que les électeurs voteront pour Khatami », a déclaré Mohammad Ali Abtahi, ancien vice-président sous le mandat de Khatami.



Ahmadinejad doit faire face à des critiques croissantes à propos de ses choix économiques et de l'aggravation de l'inflation, qui a bondi de près de 30% en 2008. Les réformistes, en particulier, lui reprochent sa rhétorique agressive qui a isolé l'Iran sur la scène internationale. Même si les deux derniers présidents de la République islamique occupent le devant de la scène, ils seront également en concurrence avec Mehdi Karoubi, ancien président du parlement et candidat malheureux en 2005, et un ancien ministre de l'Intérieur d'Ahmadinejad, Mostafa Pourmohammadi.



Source : L’Express, 8 février 2009