Tribune
|
Publié le 21 Mars 2005

L’antisémitisme, l’affaire de tous

Il faut reconnaître à un grand journal de gauche comme Le Monde tout le mérite d'avoir été le seul organe de presse à avoir dit la vérité sur ce qui s'est réellement passé lors des manifestations lycéennes.



Après une longue enquête, Le Monde daté de mercredi dernier, a brisé le silence et révélé que les centaines de casseurs qui avait perturbé la manifestation du 15 février s'étaient en fait livré à une véritable émeute raciale.

Ce n'est pas un journal de droite ou d'extrême droite qui l'écrit, c'est, je vous le disais, "Le Monde". Les casseurs, venus essentiellement de Seine-Saint-Denis, ne sont pas attaqués aux magasins comme le font généralement les pilleurs de manifs, mais ont agressés systématiquement, les lycéens blancs, les "petits français" comme ils les désignent. Ce n'est pas le seul désoeuvrement, ou le ras le bol social qui à inspiré leur violence, mais bien la haine, la haine raciste exprimée par de jeunes noirs et de jeunes arabes à l'encontre des autres: les blancs.

Le plus stupéfiant, est l'absence totale de réaction à ces violences raciales. Ni le MRAP de Mouloud Aounit, ni la Ligue des Droits de l'Homme de Michel Tubiana, ni les syndicats ni aucun parti politique n'a jugé utile d'émettre la moindre protestation ni de manifester la moindre inquiétude.

On imagine sans mal, les condamnations unanimes auxquelles on aurait assisté - à juste titre - si des hordes de lycéens blonds et blancs descendus des beaux quartiers s'étaient livrés à des pareilles violences racistes sur le pavé parisien à l'encontre de jeunes noirs ou de jeunes arabes.

Manifestement, une partie de la société française continue de préférer la politique de l'autruche. Comme si refuser de regarder en face la montée du racisme, de la violence ethnique pouvait amoindrir le mal.

Il y a six mois, un rapport officiel de l'éducation nationale révélait l'ampleur de l'antisémitisme au sein du système scolaire. Il existe de nombreux établissements où il est désormais impossible d'inscrire un élève juif, écrivaient noir sur blanc les auteurs du rapport. Un rapport qui a été immédiatement mis aux oubliettes par le ministère de l'éducation nationale.

Il n'est pas abusif d'affirmer que ceux qui agressent les lycéens juifs dans l'enceinte des établissements et ceux qui agressent les blancs dans les manifestations sont portés par le même courant.

Les violences lors des manifestations de lycéens sont venues rappeler à ceux qui voudraient encore l'ignorer que l'antisémitisme qui gangrène l'institution scolaire comme le reste de la société française ne concerne pas que les juifs et que la lutte contre le racisme est l'affaire de tous.

Clement Weill–Raynal

RCJ, lundi 21 mars 2005