Sans surprise, les islamistes ont remporté les élections législatives marocaines. Pour un grand nombre d'électeurs, ils représentent le changement. Ils incarnent une espèce de virginité, loin de la corruption dont une partie du personnel politique est soupçonnée.
C'est d'ailleurs pour cette même raison que le vent révolutionnaire qui souffle sur le monde arabe semble, un peu partout, profiter aux formations se réclamant de l'islam. En Occident et sur place, certains s'en inquiètent. D'autres estiment que c'est là le passage obligé de sociétés qui aspirent à la liberté, mais redoutent le désordre.
Dans ce paysage tourmenté, le Maroc se distingue néanmoins. Ici, le sang n'a pas coulé, les armes n'ont pas parlé. Grâce à un homme qui, très vite, a su prendre les choses en main. Prévenir et anticiper. Le roi Mohammed VI savait qu'il jouait son destin et celui du royaume chérifien. Aux manifestations pressantes, il a répondu par des réformes institutionnelles garantissant des élections libres et de futurs gouvernements indépendants. Un exemple qui pourrait servir de modèle à d'autres souverains arabes, Abdullah de Jordanie le premier.
L'influence de Mohammed VI est aussi religieuse. Commandeur des croyants, le monarque inspire à ce titre le plus grand respect à son peuple. Il apparaît ainsi comme le meilleur rempart contre toute tentation intégriste. C'est dire si l'évolution du Maroc suit un chemin balisé. Sans le roi, le pays aurait sans doute connu un avenir chaotique, à l'instar de l'Égypte ou de la Tunisie, où aucune figure incontestée et incontestable n'émerge avec évidence.
Si le nouveau gouvernement engage les réformes nécessaires pour lutter contre l'analphabétisme, qui concerne un tiers de la population, et relancer l'économie nationale, ralentie par la crise, le Maroc pourrait prendre de l'avance sur ses voisins. Et devenir le fleuron de la renaissance arabe.
Photo : D.R.
Source : éditorial publié dans le Figaro du 28 novembre 2011