L’extrême droite est en train d’étendre son ombre sur toute l’Europe. Le dernier pays en date à subir ce phénomène : la Finlande. Le parti des Vrais Finlandais qui, aux précédentes législatives se situait à 4 % de l’électorat, est passé à 19% aux dernières élections d’avril 2011. L’an dernier ce sont les Pays Bas, la Belgique, l’Autriche, les pays scandinaves et la Hongrie qui ont vécu une percée nationaliste, avec un leitmotiv : « sortons de l’Europe ». Le populisme se développe, l’Europe est la bête noire. La Hongrie a même adopté une nouvelle Constitution ultra conservatrice.
Ce cadre est évidemment propice à l’épanouissement de l’antisémitisme. Au niveau individuel les exemples de célébrités antisémites pullulent : de John Galliano, vedette de Dior, de Thilo Sarrazin de la Banque centrale d’Allemagne, à Karel de Gucht commissaire européen au commerce, à Nick Griffin député britannique du parlement européen.
Ces succès du populisme d’extrême droite s’expliquent en partie par une performance peu probante de l’économie européenne, traumatisée par la crise des sub prime. La monnaie unique est honnie. Elle n’a pas favorisé un taux de croissance satisfaisant. Les citoyens européens refusent de payer pour le sauvetage des pays endettés. Pourquoi les pays rigoureux, tels l’Allemagne, paieraient-ils pour les erreurs commises par les nations laxistes telles que l’Irlande, la Grèce et le Portugal ? Chacun pour soi ! L’Euroscepticisme se répand.
On reproche aussi à l’Europe de favoriser une immigration incontrôlée propice à l’islamisation de la société européenne. Les minorités musulmanes représentent dit-on souvent jusqu’à un dixième de la population .Donc selon certains, l’Europe judéo-chrétienne deviendrait par la force des choses une zone islamo-chrétienne.
La France et l’Italie s’ajoutent aux pays où on ne peut plus considérer l’extrême droite comme quantité négligeable. Que 36 % des ouvriers français puissent préférer le Front national à tous les autres partis témoigne de la gravité de l’évolution. Il est vrai que les partis de gouvernement de droite comme de gauche offrent un triste spectacle d’inefficacité et de divisions.
Quand on pense que le national socialisme de Hitler fut porté au pouvoir démocratiquement par le peuple allemand on a froid dans le dos.
Il manque clairement une fibre européenne. Le modèle américain n’a pas pénétré les cœurs et les esprits. Il n’y a ni diplomatie, ni armée, ni même fiscalité européennes. Chaque pays est jaloux de son indépendance. Or nous vivons dans un monde où seules les grandes puissances peuvent se faire entendre.
Et comme si cela ne suffisait pas, au danger de l’antisémitisme d’extrême droite s’ajoute le danger de l’extrême gauche qui cache une bonne dose d’antisémitisme sous les habits de l’antisionisme. Mais ce sera l’objet d’une prochaine chronique.
(Judaïque FM 16 mai 2011)
Photo : D.R.