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Est-ce un projet de paix sérieux où s’agit-il d’une mascarade ?
Permettez-moi de vous livrer quelques éléments de réflexion qui me conduisent à penser que c’est le second cas de figure qui s’impose.
Sur le fond tout d’abord. Voici l’exemple même de l’accord déséquilibré. C’en est presque caricatural. S’il s’agissait d’une proposition commerciale, n’importe quel spécialiste estimerait au premier coup d’œil qui ne peut s’agir que d’une escroquerie.
Ainsi donc, Israël cède sur tout. Ou presque. La Cisjordanie est évacuée. Les populations juives doivent en partir. Jérusalem est divisée. Le Mont du Temple est abandonné. En échange, les Palestiniens nous gratifient d’une simple déclaration dans laquelle ils affirment renoncer au droit au retour des réfugiés. Un droit qui n’a jamais existé dans les relations internationale et qui n’est qu’une revendication sans fondement de la propagande palestinienne. S’il fallait résumer en une formule triviale le pacte de Genève, on pourrait le comparer à la proposition d’un malfrat qui vous offre le marché suivant. Donnez moi votre bourse et je renonce au droit de vous trancher la gorge.
Le pacte de Genève est également une mascarade lorsqu’on réalise à quel point ceux qui ont mené la négociation n’avaient aucun mandat pour le faire. Imaginez par exemple, que l’ancien conseiller de Lionel Jospin pour les affaires Corse, Alain Chrisnacht, flanqué du préfet Bonnet et d’un diplomate libyen fassent aujourd’hui le tour des rédactions et des chancelleries pour expliquer à quel point Nicolas Sarkozy se fourvoie sur l’île de Beauté. Imaginez que cette joyeuse équipe concocte son nouveau plan pour la Corse et somme le gouvernement Raffarin d’y souscrire séance tenante. Quelles seraient à votre avis les réactions ici en France ? On peut parier - qu’un gigantesque éclat de rire se ferait entendre dans tout l’hexagone.
Il règne ce matin, je peux vous le dire, un climat surréaliste sur les bords du Lac Léman. Toute une foule de politiques, d’intellectuels, d’écrivains d’artistes et même de chanteurs sont venus prolonger leur week-end et se pencher sur le berceau de l’enfant prodige enfanté par Yossi Beilin et Yasser Abed Rabbo.
La palme revient incontestablement à Alexis Keller, l’universitaire suisse présenté comme l’architecte du Pacte de Genève. Alexis Keller qui, emporté sans doute par sa modestie, a d’ores et déjà annoncé qu’il refuserait le prix Nobel de la paix, si on le lui proposait. Mais on ne le lui a pas proposé.
Clément Weill-Raynal
Lundi 1er décembre 2003, RCJ