Prenons l’exemple du Haut conseil islamique (HCI) algérien qui demande -à juste titre- que l’on respecte les musulmans. Dans un communiqué (3 octobre 2010), il n’a pas hésité pourtant à jeter l’opprobre sur les chrétiens convertis, puisqu’il a « dénoncé les violations, par certains individus, du caractère sacré du mois de ramadhan dans certains endroits du pays et les comportements immoraux affichés par ces derniers dans les lieux publics ». Aussi, deux chrétiens convertis ont comparu le 21 septembre devant le tribunal d'Aïn el Hammam, dans la région de Tizi Ouzou, en Kabylie (110 km est d'Alger), pour n'avoir pas jeûné lors du ramadan (11 août-10 septembre). Le procureur avait requis trois ans de prison ferme contre eux. Or, comme le rappelle à juste titre Alain Vincenot dans France-Soir (27 septembre 2010), depuis plusieurs années, procès, persécutions et discriminations en tout genre se multiplient contre les chrétiens en Algérie, où l’islam est religion d’Etat.
Intolérance ? Prenons l’ordonnance du 15 février 2006, signée du président Abdelaziz Bouteflika. Elle fixe « les conditions d’exercice des cultes autres que musulman ». Elle prévoit : « Une peine de deux à cinq ans de prison ferme et une amende de 50 à 100 millions de centimes (en dinars) sont réservées à quiconque incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion… ou fabrique, entrepose ou distribue des documents imprimés ou métrages audiovisuels ou tout autre support ou moyen qui visent à ébranler la foi d’un musulman. » Cette ordonnance est tout simplement inacceptable !
Intolérance ? Oui, car les procès se multiplient. Dès 2006, une vingtaine d’étudiants africains, qui participent à une rencontre biblique à Tizi Ouzou sont expulsés, de même qu’en novembre 2007, de jeunes Brésiliens, pourtant invités par l’archevêque d’Alger, Mgr Henri Tessier, rapporte Alain Vincenot. Le mois suivant, un directeur d’école et un instituteur, Algériens, sont radiés de l’éducation nationale pour « prosélytisme ». Le 27 janvier 2008, trois protestants sont accusés d’avoir « proféré des injures contre la religion et la personne du prophète ». Trois jours plus tard, un prêtre catholique d’Oran est condamné à un an de prison avec sursis pour avoir prié, le lendemain de Noël, avec un groupe d’immigrés camerounais catholiques. Le 26 mars, l’ancien président de l’Eglise protestante, Hugh Johnson, 74 ans, en Algérie depuis 1963, est expulsé…
Intolérance ? Oui, comme le rappelle le Président de l’Eglise protestante d’Algérie, qui assure compter 30.000 fidèles, essentiellement en Kabylie. Le pasteur Mustapha Krim, a lancé un appel solennel aux plus « hautes autorités de l’Etat » afin que soit mis « un terme à ces dérives ».
Intolérance ? Oui, parce que l’on ne saurait prétendre au respect si l’on ne respecte pas soi-même ceux et celles qui veulent vivre en conformité avec leur foi, fusse-t-elle nouvelle. Faut-il rappeler que « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites. » (Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, Article 18) ?
Intolérance ? Oui, parce que l’on ne saurait pousser des cris d’orfraie, lorsque l’on porte atteinte à la religion musulmane et que l’on stigmatise les musulmans et paradoxalement - dans les pays musulmans- persécuter les Chrétiens, détruire des Eglises, se livrer à des violences antichrétiennes (ou antijuives), asservir l’Homme ou le contraindre, fausser son identité et sa culture et amoindrir ses valeurs.
Intolérance ? Oui, car en Algérie et dans d’autres pays musulmans, l’intolérance religieuse pourrait être source de guerre et de conflit !
Photo : D.R.