Tribune
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Publié le 23 Septembre 2011

La Déclaration d’Indépendance palestinienne, par Richard Prasquier

Selon un sondage, 80% environ des Français seraient en faveur de l’entrée de l’Etat palestinien à l’ONU. Ces chiffres confirment que dans la bataille internationale actuelle, la position palestinienne est bien plus populaire que la position israélienne. Ils reflètent une tendance européenne globale. Il ne fait pas de doute que l’image d’Israël s’est détériorée, que les événements de Gaza, opération « Plomb fondu » de 2009 et flottille en 2010, ont marqué des étapes et que leur relation médiatique biaisée a joué un rôle majeur dans cette évolution. Une grande majorité de la population connaît mal l’histoire du sionisme et du conflit israélo-arabe. Il n’y a là rien d’étonnant : les affaires étrangères restent étrangères et s’effacent derrière les préoccupations économiques et sociales, particulièrement prégnantes en période de crise. Cette ignorance étonne toujours ceux qui accompagnent en Israël des journalistes ou des hommes politiques, dont peu maitrisent les données de base de la situation.




Presque chacun, pourtant, a son opinion sur Israël, alors que presque personne n’en a sur les autres pays du monde. Parmi les assertions fréquentes, inquiétantes et fausses, il y a les trois suivantes : 1° Israël représente un danger pour la paix du monde, 2° La solution du conflit israélo-palestinien permettrait d’amener la tranquillité dans le monde musulman et 3° La persistance du conflit est due au refus d’Israël de reconnaître l’Etat palestinien. La première assertion témoigne de l’angoisse de nos populations par rapport à une guerre ou une menace terroriste dont la responsabilité serait transférée sur Israël, comme on le voit de façon caricaturale dans les divagations persistantes dix ans après le 11 septembre. La deuxième est un exemple de « wishful thinking » à savoir la volonté de se rassurer sur l’avenir en esquivant la dure réalité des événements et des hommes. La troisième assertion est une ligne de partage entre ceux qui pensent que le refus de fait d’Israël, comme Etat du peuple juif, est l’élément déterminant de la pérennité et de l’intensité du conflit et les autres, qui lui assignent systématiquement une responsabilité israélienne.



Cette grille de lecture est alimentée de plusieurs sources, où le militantisme islamiste radical et/ou propalestinien et l’antisémitisme classique sont absorbés par l’altermondialisme anti-impérialiste et par une « doxa » angélique et binaire, qui oppose des oppresseurs tous coupables à des opprimés tous innocents et qui est prête à assimiler le Hamas à un mouvement de bienfaisance sociale.



Pays ami des Etats Unis, pays riche, pays puissant, pays fier, pays juif, Israël a bien des handicaps à surmonter sur le plan de la communication. Argumentation juridico historique, alertes sur les dangers d’une déclaration qui esquiverait les indispensables négociations bilatérales, tout cela intéresse les diplomates, mais pèse peu auprès de l’opinion. Mais comment ne pas voir que tant que les Palestiniens rejettent l’idée de deux Etats « pour deux peuples », tant que le Hamas garde sa charte et son discours, cette déclaration d’indépendance violerait les principes moraux élémentaires sur lesquels les Nations Unies se sont constituées ? Merci aux parlementaires français amis de la Paix et d’Israël, qui le rappellent dans une lettre ouverte au Président de la République et qui l’auront manifesté le 20 septembre au Gymnase de Paris.



Richard Prasquier
Président du CRIF



(Article publié dans Actualité juive, mercredi 21 septembre 2011)



Photo : D.R.