Tribune
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Publié le 3 Juin 2011

La charade de l’Etat palestinien à l’ONU – Pourquoi Israël n’a rien à craindre, par Benny Avni

Ce texte est publié dans la rubrique Tribunes Libres réservée aux commentaires issus de la presse. Les auteurs expriment ici leurs propres positions, qui peuvent être différentes de celles du CRIF.




La proclamation prévue à la fin de cet été d’un Etat palestinien aux Nations Unies est si imminente, entendons-nous chaque jour, qu’Israël doit tout faire pour l’éviter. Ne vous y fiez pas.



C’est vrai, le président Obama a récemment reconnu que « la communauté internationale est lasse d’un processus qui n’en finit pas » - indiquant que si Jérusalem veut stopper le futur « hold-up » à l’ONU, elle doit faire plus pour l’aider à renouveler les négociations. C’est vrai aussi que le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a fameusement qualifié la motion onusienne attendue en septembre de « tsunami diplomatique ».



Mais le tsunami est une force concrètement destructrice. Et un diplomate japonais m’a confirmé récemment que la manœuvre palestinienne aux Nations Unies « n’est pas un tsunami ».



Le scenario catastrophe: Les Etats-Unis opposent leur véto à la proposition du Conseil de Sécurité de faire de la bande de Gaza un Etat. Les Palestiniens se tournent alors vers l’Assemblée générale pour demander un vote qui admette cet Etat en tant que membre des Nations Unies. Une telle approbation rendrait alors toute présence israélienne en Judée Samarie - y compris des patrouilles de sécurité - illégale au regard du droit international.



Pas si vite, a déclaré Joseph Deiss, le président de l'Assemblée générale, lors d'une conférence de presse la semaine dernière: En vertu de ses propres règles, l’organisation ne peut approuver aucun nouveau membres de l'ONU à moins que les 15 membres du Conseil de sécurité ne le recommandent d'abord.



Donc, les Palestiniens cherchent des moyens pour éviter le veto attendu des États-Unis. Mais la menace, hier, par le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, Riad Malki, de convoquer à nouveau une session d'urgence «d’union pour la paix » ne suffira pas. Selon une loi de la Cour internationale datant de 1950, une telle session ne peut pas traiter de questions telles que l’admission d’un Etat membre à l'ONU.



Alors, oui, un vote de l'Assemblée générale serait un petit pas en avant pour les Palestiniens. Mais il y en a déjà eu un, similaire, en 1988, lorsque l'Assemblée a approuvé la déclaration de Yasser Arafat d'un « Etat palestinien » (110 membres ont voté pour la résolution, avec seulement Israël et les Etats-Unis contre). Et personne ne se souvient de ce vote « historique ».



J'ai vérifié les détails: le nom «OLP» est devenu «Palestine» - mais juridiquement, ça n'a rien changé.



Et le vote de cet automne ne changera rien non plus. Il affectera moins encore la vie quotidienne des Palestiniens que les récents problèmes de santé du Premier ministre Salem Fayyad ou que la survie politique de celui-ci à la suite des récents accords de réconciliation entre le Fatah et le Hamas.



Réaliste, Fayyad tente de construire un Etat palestinien sur le terrain - à la différence des affabulateurs Arafat et Mahmoud Abbas qui ont essayé de «construire» au Turtle Bay (le quartier de New York ou se trouve le Secrétariat des Nations Unies) et dans les capitales du monde.



Le vote de septembre aurait aussi moins d'effet sur Israël que ce que les hommes politiques… voudraient vous faire croire.



Comme l’a dit le Premier ministre Benjamin Netanyahu à son cabinet dimanche dernier, personne ne peut arrêter une résolution de l'Assemblée générale. Mais l'Assemblée peut déclarer que la terre est plate, cela ne changera pas la réalité.



Le quotidien israélien Yediot Aharonot a rapporté que Benjamin Netanyahu a tenté de transmettre son approche ironique de la situation à Barack Obama lors de son voyage à Washington. Mais le président américain est trop attaché à la «communauté internationale» pour l'adopter.



Un groupe de juristes internationaux a écrit au secrétaire général, Ban Ki-moon, dimanche, en faisant valoir qu’une déclaration de l'Assemblée générale d'un Etat palestinien constituerait une violation des accords signés, la rendant « illégale ».



Ils ont raison. Mais Israël ferait bien mieux d'utiliser ses juristes pour mettre en évidence les violations des traités telles que l'ouverture par l'Egypte, le même jour, du passage vers Gaza.



En résumé, les mortiers et les missiles de Gaza risque de leur briser les os, mais Turtle Bay ne leur nuira jamais.



(Article publié dans le New York Post du 2 juin 2011, traduit de l’anglais par la newsletter du CRIF)



Photo : D.R.