Tribune
|
Publié le 2 Octobre 2009

La menace iranienne et le précédent de la guerre de Kippour

Le monde entier a découvert cette semaine que l’Iran nous avait caché encore quelque chose. Encore un site de son programme nucléaire, dont l’existence était jusqu’ici inconnue, c’est-à-dire dissimulée.




Passé le premier moment de stupéfaction, les commentateurs ont repris la vieille ritournelle munichoise, l’aspiration à un « lâche soulagement » fondé sur le déni du danger.



Où en est vraiment le programme nucléaire iranien, et quand exactement les hommes de Téhéran auront-ils la population israélienne sous le feu de leurs ogives, je ne le sais pas plus que vous. Ce que je sais, en revanche, c’est que les arguments avancés par les adeptes de l’optimisme forcené sont dénués de tout fondement.



Que disent-ils, en effet ? Ils disent que le danger iranien est négligeable non pas militairement mais politiquement. Et la preuve, disent-ils, en est que l’agence qui supervise le renseignement américain a publié, vers la fin de la présidence Bush, une évaluation dans ce sens. Si les Américains le disent, c’est certainement vrai.



Or, on vient de publier les archives des services de renseignements américains relatives à la guerre de Kippour. Le journaliste Amir Oren, qui a compulsé ces documents, explique dans le quotidien israélien « Haaretz » que jusqu’au 6 octobre 1973, c’est-à-dire jusqu’au déclenchement de l’attaque égypto-syrienne contre Israël, la CIA et les autres agences fédérales étaient absolument convaincues que ni l’Egypte ni la Syrie ne menaçaient Israël.



Pourtant les Américains avaient, tout comme les Israéliens, des informations sur les mouvements de troupes. Mais ils s’étaient persuadés que ces mouvements n’avaient aucune intention offensive.



Pourquoi ? À cause d’une conception politique prédéterminée, qui les empêchait littéralement de voir les faits sur le terrain.



On sait qu’en 1973 les Israéliens furent eux aussi prisonniers d’une telle conception, et qu’ils le payèrent très cher. Comment leur reprocher, aujourd’hui, de ne pas se reposer sur les bonnes paroles qu’on leur prodigue ici ou là ? D’autant que le danger est infiniment plus grave qu’en octobre 1973.



Meïr Waintrater (RCJ, 30 septembre 2009)



Photo : D.R.