Tribune
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Publié le 21 Octobre 2005

La presse en folie : du Pakistan, de l’Islam aux seniors israéliens et de diaspora…

Le président du Pakistan prêt à faire de « grands pas » avec Israël



Le général Pervez Moucharraf, président du Pakistan, en proie à la plus grande tragédie de son histoire (le tremblement de terre qui a frappé le nord du Pakistan), a accordé au Point du 13 octobre 2005 un entretien exclusif. Le journaliste rappelle qu’il a tendu la main récemment à Israël et lui demande si Pakistan va-t-il bientôt reconnaître l'Etat hébreu. Moucharraf répond que ce n'est pas pour tout de suite et ajoute qu’il est clair « que nous devons régler la question palestinienne parce que c'est le coeur du problème du terrorisme et des principaux extrémismes. Nous allons avancer dans nos relations avec Israël et dans le processus de paix pour la création d'un Etat palestinien. Je ne vois pas une reconnaissance d'Israël dans un avenir immédiat, mais si le processus avance, nous pouvons faire aussi de grands pas. » En guise de « grands pas », on se demande alors pour quelles raisons le Pakistan a refusé que des hélicoptères israéliens puissent se rendre à Islamabad. Pourtant selon Le Figaro (17 octobre) le Pakistan a accepté des médicaments et des vivres en provenance d'Israël.

Peut-on moderniser l’Islam ?

Dans les pages Rebonds de Libération (13 octobre 2005) l’écrivain Salman Rushdie publie un texte tout à fait remarquable, « Moderniser l'islam, un enjeu pour la diaspora ». Remarquable parce que d’une parfaite lucidité et d’une grande clairvoyance. A l’instar d’autres intellectuels musulmans, Rushdie pense qu’il faut travailler à la modernisation de l’Islam pour que cette religion rencontre les réalités de son époque. Extraits : « Cet islam réformé rejetterait alors tout dogmatisme conservateur en acceptant, entre autres : que les femmes soient totalement considérées à l'égal des hommes, que les adeptes d'autres religions voire d'aucune religion ne soient pas jugés inférieurs aux musulmans, que les différences d'orientation sexuelle ne méritent aucune condamnation mais soient acceptées comme l'un des aspects de la nature humaine, et que l'antisémitisme ne soit pas toléré. Le bâillonnement de la liberté d'expression ferait place à un débat solide, authentique et ouvert, sans aucune idée interdite ni sujet prohibé. Un islam réformé inciterait aussi les musulmans issus de la diaspora à sortir des ghettos qu'ils se sont eux-mêmes imposés et à cesser de brider à ce point leurs filles. Du carcan intellectuel dicté par le littéralisme et la soumission aux mollahs et aux oulémas, émergerait une scolarité ouverte et centrée sur l'histoire, enfin sortie des ténèbres dans lesquelles les madrassas et les écoles coraniques l'avaient plongée. Enfin, il faut que cesse cette paranoïa qui a conduit certains musulmans à prétendre que les juifs se cachaient derrière les attaques du 11 septembre et, plus récemment, que les musulmans n'étaient peut-être pas les instigateurs des attentats du 7 juillet une folle théorie qui a récemment volé en éclats, si l'on me passe l'expression, grâce à une vidéo diffusée sur Al-Jezira. » Et de conclure : « Peut-être que… ce que je décris là n'est pas tant le contenu d'une réforme que l'avènement de nouvelles Lumières. »

« Un souffle d'espérance à Essaouira »

Nous avons aimé aussi ces quelques lignes d’un article écrit par l’académicien Maurice Druon, dans les pages Débats et Opinions du Figaro (14 octobre 2005) : « Aussi paralysante pour l'échange des idées est l'attitude de ces minorités fanatisées par de faux prophètes fous, et qui, non seulement interdisent tout échange avec les autres cultures, mais en exigent la destruction. Ce fanatisme engendre des humains déshumanisés, conditionnés pour rechercher la mort en tuant aveuglément des semblables qu'ils regardent comme des dissemblables. Le terrorisme, qu'on pouvait croire sporadique et passager, tout au contraire, s'incruste, se multiplie et s'organise, en usant d'armes de plus en plus destructrices. On peut redouter que des États eux-mêmes ne soient gagnés par un terrorisme de masse, qui provoquerait en retour l'anéantissement de leur nation. C'est sur ce double danger de réduction à la culture unique que des écrivains, philosophes, artistes, universitaires et journalistes du Maroc, de France, du Brésil, d'Espagne, du Portugal, du Mexique, ont réfléchi ensemble, l'autre semaine, à Essaouira, lors du Festival des Andalousie atlantiques. Leurs réflexions ont pris des titres tels que : «Patriotismes partagés et culture métisse», «Métissage culturel et intellectuel, salut des nations»... Des choses intelligentes, salutaires si elles sont entendues, se sont dites là, entre les représentants des cultures héritières de la grande école de Cordoue. J'ajoute que le colloque s'est tenu entièrement en français, langue partagée par tous les intervenants. »


Maurice Druon a raison. Il faut opposer à l’obscurantisme un dialogue entre les cultures et les hommes et un souffle de tolérance.

« On ne devrait pas donner tant d’argent aux Juifs ! »

A rappeler ces quelques phrases d’un bel éditorial de Franz-Olivier Giesbert, dans Le Point (13 octobre), qui parle de la dérive des néo communistes en Allemagne: « Oskar Lafontaine, ex-président du Parti social-démocrate allemand et ennemi personnel de Gerhard Schröder qui a fondé son propre parti, à la gauche de la gauche. Pour faire des voix, il n'hésite pas à jeter l'opprobre contre les travailleurs étrangers, en exhumant un vieux mot du vocabulaire nazi, Fremdarbeiter. Un de ses lieutenants a même dénoncé la restauration des synagogues par l'Etat : « On ne devrait pas donner tant d'argent aux juifs »

Seniors israéliens et de diaspora

Intéressant article sur les seniors israéliens et de diaspora publié sur le site de senioractu.com. Cet article s’appuie sur les statistiques publiées par le centre d’études sociales appliquées israélien Myers-JDC-Brookdale. Selon les chiffres de cet institut, en 2004, 11.5% de la population israélienne avait plus de 65 ans alors que ce pourcentage monte à 18% dans la diaspora. Et de préciser que dans l’ensemble, le taux moyen des seniors juifs est de 16%, soit plus de deux fois plus élevé que celui de la moyenne mondiale qui est de 7%. L’une des premières explications de cette forte proportion de personnes âgées est due, comme dans beaucoup d’autres pays développés, à la faiblesse du taux de natalité. Le nombre de naissances, explique aussi la disparité entre le nombre de seniors chez les juifs d’Israël et ceux de la diaspora. Les familles vivant en Israël ont en effet plus d’enfants que celles de la diaspora, d’où une proportion de personnes âgées moins élevée. L’un des coauteurs de cette étude souligne aussi que dans la diaspora, « l’assimilation » peut être une explication du grand nombre de personnes âgées. En effet, les familles comprenant des membres jeunes s’intègrent plus "facilement" dans les sociétés dans lesquelles elles résident, ce qui entraîne proportionnellement un fort taux de seniors dans les familles qui elles, affirment leur religion. D’autres données officielles, en provenance de divers organismes (Bureau central de la statistique, ministère des Affaires sociales et de divers instituts de recherche) semblent indiquer que les hommes israéliens bénéficient de l’une des meilleures longévités dans le monde. Ainsi leur espérance de vie à la naissance est de 77.5 ans, ce qui les positionne au cinquième rang mondial. En revanche, les femmes, avec une longévité de 81.5 ans ne se placent qu’à la 18ème position au niveau international.

« Israël » entre guillemets

Lu sur le site du Centre palestinien d’Information : « Le président indonésien, Susilio Pampan Yedoyohnu, a dit, dans une conférence de presse dans la capitale indonésienne Jakarta, le 15 octobre, que tout contact officiel que son pays pourrait avoir avec "Israël" serait principalement « pour aider le peuple palestinien à réaliser son indépendance ». Comme pour se rassurer, le Centre ajoute aussitôt que « Le peuple indonésien est bien connu pour son soutien à la question palestinien et pour sa position anti-"israélienne" ». Drôle effet de stylistique sur ce site : Israël est toujours placé entre (des) guillemets, comme s’il ne s’agissait dans leur esprit que d’une simple parenthèse…

Marc Knobel