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L’Iran mis en examen nucléaire ? Tel est le titre de la grande enquête réalisée par Libération (9 juillet 2003). Soupçonné de développer une arme atomique, l’Iran est sommé par la communauté internationale de s’expliquer sur son programme nucléaire. Jean-Dominique Merchet nous explique que l’Iran maîtrise toute la filière et est actif dans tous les domaines. Il exploite une mine d’uranium dans la province de Yazd, dont l’existence n’a été révélée que cette année. Le pays développe, avec l’aide de la Russie et de la Corée du Nord, un programme nucléaire civil à Bushehr. Les deux installations de Natanz et d’Arak pourraient servir à produire des matières fissiles pour les deux « filières » de fabrication d’une arme : l’uranium enrichi ou le plutonium. Enfin, l’Iran se dote de capacités balistiques avec le tir récent d’un missile sol-sol d’une portée de 1300 kilomètres, mettant l’Etat hébreu à portée de frappe. Jacques Isnard dans Le Monde (9 juillet 2003) rappelle qu’Israël, qui considère l’Iran comme la menace potentiellement la plus dangereuse depuis la chute du régime Irakien, a exprimé de vives inquiétudes après la confirmation par Téhéran, de son tir de missile (le Shahab-3).
Et si nous parlions de l’habile rhétoricien, Tariq Ramadan ?
Dans Libération (8 juillet 2003) Christophe Ayad dresse le portrait de celui dont on ne sait plus très bien ce qu’il est : théologien, prédicateur, philosophe, intellectuel religieux ou clerc séculier ? Ce dont on ne doute plus par contre, c’est que l’homme suscite une réelle aversion -quelquefois disproportionnée- ou alors une telle adhésion que son nom lui vaut autant d’intérêt et de respect dans le monde musulman. Ramadan qui est convaincu que l’avenir de l’Islam se joue en Occident et qui pense intégrer la République à l’Islam (sic) est en effet une star dans les milieux musulmans où aucun n’égale son charisme, sa force de persuasion, son art de l’argumentation, note le journaliste. Si Tariq Ramadan a entamé un flirt prolongé avec la gauche altermondialiste et ne jure plus aujourd’hui que par Attac et le Forum social européen, sur le fond, son fan-club reste l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). L’UOIF et Tariq Ramadan sont d’accord sur la plupart de sujets, même si ce dernier prend des libertés qui agacent.
Et si nous parlions de SOS Racisme ?
Connaissez-vous Dominique Sopo ? Ce nom ne vous dit rien ? Alors, lisez le portrait qu’en dresse Libération (1er juillet 2003). Le nouveau président de SOS Racisme remplace une bête des médias que les gens dans la rue apostrophaient volontiers, Malek Boutih.
Dominique Sopo est présenté comme un homme de l’ombre, discret, posé, un « animal à sang froid », qui irrite mêmes quelques uns de ces « potes », puisqu’il est également membre du parti socialiste. Pour certains, sa nomination sonne comme une récompense à un soldat fidèle et utile. Un bébé de Julien Dray, s’interroge Charlotte Rotman ? « J’ai des parents, pas besoin d’en avoir d’autres, merci » balaie-t-il, un brin agressif. La journaliste gage simplement que Sopo fera parler de lui et reviendra à l’idéal fondateur de SOS Racisme.
Et si nous parlions de la laïcité ?
Voici apparemment le grand débat de l’été -dont on ne juge pas par ailleurs, de l’utilité et de l’importance- et l’une des grandes préoccupations de la classe politique : la laïcité. Face à la « montée des communautarismes », le Président de la République tente de dépassionner un débat qui n’en finit pas de renaître et installe une commission chargée de réfléchir à l’application du principe de laïcité, rappelle Libération (4 juillet 2003). « Derrière le voile est, en fait, de plus en plus en débat la capacité de la République à transmettre ses valeurs quand le chômage de masse n’en finit pas de déliter le corps social et rend plus difficile l’intégration ; sa capacité aussi à résister à la mondialisation des fanatismes de tous poils », explique Jean-Michel Thenard.
« C’est l’identité nationale qui est en jeu » répond François Baroin (Le Nouvel observateur, 3-9 juillet 2003), porte-parole de l’UMP, auteur d’un rapport sur la laïcité remis à Rafarin. François Baroin pense qu’une loi doit proscrire tout signe ostentatoire religieux ou politique à l’école : « On est là en pleine dérive communautariste qui ne menace pas seulement la laïcité mais aussi l’égal accès aux services publics. Pourquoi pas demain la séparation à l’école, dans les transports en commun ou aux guichets des mairies ? Alain Juppé à parlé à ce propos d’une forme d’apartheid. Se focaliser uniquement sur le voile serait une erreur. Nier l’évidence en serait une autre », explique le jeune député de l’UMP.
Et si nous parlions de la formation des imams ?
Xavier Ternisen consacre un long article sur ce sujet (Le Monde, 1er juillet 2003) et rappelle que l’universitaire Daniel Rivet a remis son rapport fin juin au ministre de l’éducation nationale, et propose d’associer l’université aux enseignements. Ce sera au tout nouveau Conseil français du culte musulman (CFCM) de se saisir de ce dossier complexe, notamment en matière de financement.
Et si nous parlions un peu de Freud ?
Voici une singulière originalité. Nous pensions avoir tout entendu et tout lu sur le sionisme. Il manquait à cet assourdissant concert un retentissant article, qui, n’en doutons pas devrait nous empêcher de dormir la nuit. Le quotidien italien Il Corriere della Sera publie une lettre de Sigmund Freud, qui risquerait de jeter le trouble dans les milieux juifs qui se « croyaient autoriser à associer le fondateur de la psychanalyse au combat pour la création et la défense d’Israël », rapporte benoîtement Henri Tincq dans la page Horizons Kiosque du Monde du 5 juillet 2003. Dans cette lettre, Freud dénonce le « fanatisme irréaliste de (notre) peuple » et ajoute que « la Palestine ne pourra jamais devenir un Etat Juif. »
Et si nous parlions un peu de l’alimentation Casher ?
Les Echos – Enjeux publient dans son numéro de juillet-août 2003 un dossier intéressant intitulé « Dieu : la valeur qui monte ». Le mensuel constate qu’après un XXe siècle matérialiste, les religions reviennent en force. Dans la société et dans l’économie, sur tous les continents. En France, ce regain de spiritualité bouscule notre vieille laïcité. A l’école comme dans l’entreprise. Les Enjeux se penche également sur le marché du casher qui connaîtrait une croissance de 15 % par an. Dans ce long article, Valérie Delarce rappelle que le marché offre encore d’importantes opportunités de développement, même si la population juive à tendance à stagner, voire à régresser légèrement. Un potentiel lié au regain religieux, mais aussi au fait que 40 % des consommateurs de produits casher… ne sont pas juifs. Les végétariens, les mateurs d’authenticité et autres consommateurs préoccupés par les problèmes sanitaires représentent 20 % de la clientèle. Les consommateurs de yaourts casher, par exemple, sont absolument certains que ces produits ne contiennent aucune gélatine d’origine animale, proscrite par la casherout. Enfin, 20 % des consommateurs de produits casher (essentiellement de la viande) sont musulmans. Ce chiffre, a priori surprenant, relève la journaliste, tient au fait que la caschérisation de la viande respecte les mêmes règles que dans le cas de la viande halal.
Marc Knobel
Observatoire des médias