« Interrogé, lors de ses déplacements à l’étranger, sur les atteintes aux droits de l’homme et les condamnations abusives de prisonniers d’opinion, de membres de minorités religieuses et sexuelles, Mahmoud Ahmadinejad ne cesse d’affirmer que le peuple iranien est "le plus libre au monde", rappelle Reporters sans Frontières. Mais en réalité, les exactions recensées en Iran en 2007 montrent qu’il y a un acharnement des autorités contre les journalistes dissidents et les défenseurs des droits de l’homme.
Pour mesurer ce qu’il en est, nous extrayons de cette note, deux passages particulièrement explicites et effrayants :
Le premier rappelle qu’en Iran, plus « de cinquante journalistes ont eu affaire à la justice en 2007. Ces intimidations judiciaires sont venues s’ajouter aux pressions financières et administratives que subissent les médias indépendants et d’opposition. Le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique, autorité de tutelle de la presse, a ordonné la fermeture définitive d’au moins quatre publications. Une dizaine de journaux, dont les renommés Shargh et Madresseh, ont été provisoirement suspendus, dans l’attente d’un jugement. » Les sites Internet d’informations n’ont pas échappé à cette censure : « l’Iran est le pays du Moyen-Orient comptant le plus grand nombre de cyberdissidents mais également de menaces à leur encontre. Des dizaines de sites sont fermés chaque année. »
Enfin le second passage rappelle que les « journalistes incarcérés à Téhéran, se retrouvent pour la plupart dans la section 209, contrôlée par les services de renseignements, de la prison d’Evin. Ils sont souvent placés en cellule d’isolement et ont un accès limité à des soins médicaux. Emadoldin Baghi a subi, le 26 décembre, une double crise cardiaque, attribuée à ses mauvaises conditions de détention et au stress résultant des interrogatoires auxquels il est soumis depuis son interpellation. Le journaliste n’a été autorisé à passer qu’une nuit à l’hôpital avant de réintégrer sa cellule à Evin. Il lui aura fallu attendre près de trois semaines avant de bénéficier, le 18 janvier 2008, d’une permission de sortie pour poursuivre sa convalescence. Par ailleurs, Said Matinpour, de l’hebdomadaire Yarpagh (journal en langue azérie publié à Téhéran) a été interpellé le 28 mai à son domicile à Zanjan (Nord-Ouest) puis transféré à Evin, à plus de 300 km de sa famille. »
Marc Knobel