Sur la guerre des images :
Le cinquième anniversaire de la tragédie est aussi marqué par une provocation d'Al-Qaeda: Al-Jazira a diffusé des images d'Oussama ben Laden recevant, selon la chaîne de télévision qatarie, des auteurs des attentats du 11 septembre 2001. Qui douterait encore aujourd’hui que les terroristes maîtrisent cet outil qu’est l’image ? Des images qui décriraient « le quotidien » d'agents d'Al-Qaeda s'entraînant et se préparant dans les montagnes d'Afghanistan, en vue d'attentats suicide. On voit ainsi un homme en train de couper du bois, un autre en train de préparer un repas. On aperçoit aussi le chef, toujours en fuite, du réseau islamiste accueillant un combattant. La cassette montre également des extraits de supposés testaments de deux des kamikazes du 11 septembre 2001… »
Source : L’express, 8 septembre 2006
Sarkozy et les Etats-Unis
Le ministre de l'intérieur a effectué à New York et à Washington, une visite de deux jours, du 9 au 11 septembre. A cette occasion Nicolas Sarkozy a répondu aux questions du Monde. Nous pensons que cette approche originale qui se distingue du conformisme habituel, mérite d’être rapportée dans cette revue de presse :
Question : Comment réagissez-vous aux critiques de vos adversaires, qui font de vous un candidat proaméricain ?
Réponse : Si, après vingt-cinq ans de vie politique, le seul reproche sérieux que l'on trouve à me faire est d'être trop proche d'un pays avec lequel nous n'avons jamais été en guerre, d'un pays avec lequel nous avons lutté dans le passé pour éradiquer le nazisme et avec lequel nous luttons aujourd'hui pour vaincre le terrorisme, je me sens capable de l'assumer. Voici un pays qui connaît le plein-emploi depuis près de quinze ans, un pays où la croissance économique est chaque année supérieure à la nôtre d'un point ou d'un point et demi, un pays où la démocratie combine harmonieusement l'alternance et la stabilité politique. Enfin, un pays qui, en matière d'intégration, montre l'exemple : la moitié des Prix Nobel y sont d'origine étrangère.
Je ne suis pas un admirateur aveugle des Etats-Unis. Mais tout observateur de bonne foi devrait considérer que c'est un bilan qui n'est pas honteux, et que nous n'avons aucune raison d'être fâchés avec le peuple américain.
Question : Faudrait-il être antiaméricain pour séduire les Français ?
Réponse : C'est une idée reçue, colportée par une petite élite française déconnectée de la réalité. Je suis moins persuadé que vous semblez l'être qu'il y ait une détestation des Français à l'égard de l'Amérique. Les films américains, la musique, l'American way of life plaisent aux Français et à la jeunesse. Ils les font rêver. TF1 vient de supprimer le traditionnel film du dimanche soir au profit de séries américaines. Et on viendrait m'expliquer qu'être ami des Américains est un problème en France ? Disant cela, je vais sans doute accroître l'aigreur de ceux qui considèrent que les sociétés russe ou chinoise sont plus aimables.
Source : Le Monde, 09 septembre 2006
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Les « Djihadistes se rapprochent d’Israël » affirme le bras droit d’Oussama Ben Laden :
Bref extrait d’un message, qui dure en tout 1 h 16, a d'abord diffusé par la chaîne CNN, puis le site Internet du
SITE Institute, un centre américain de recherche sur le terrorisme spécialisé dans l'étude des sites islamistes. L’institut a mis en ligne la retranscription d'autres extraits. Selon le SITE Institute, ce nouveau message vidéo est une « interview » de Zawahiri réalisée par As-Sahab, la branche médiatique du réseau terroriste, dans laquelle il aborde des sujets allant de l'Afghanistan et l'Irak au récent conflit entre Israël et le parti chiite libanais Hezbollah, en passant par la situation en Somalie, en Egypte ou en Algérie. « Vous ne devriez pas perdre votre temps à renforcer vos forces en Irak et en Afghanistan, parce qu'elles sont vouées à la défaite », prévient l'idéologue et numéro deux d'Al-Qaida, l'Egyptien Ayman Al-Zawahiri, dans une vidéo adressée aux Occidentaux diffusée le jour du cinquième anniversaire du 11-Septembre. « Vous devriez plutôt renforcer vos défenses dans deux régions », poursuit le bras droit d'Oussama Ben Laden. « La première est le Golfe, d'où vous serez expulsés. Et la deuxième est Israël, parce que les renforts djihadistes s'en rapprochent, avec l'aide et le pouvoir d'Allah, et votre défaite mettra fin à la suprématie actuelle des sionistes et des croisés. »
Comment pourrait-on ignorer ces paroles menaçantes ?
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Sur « l’ennemi sioniste » :
Ran Halévi est historien, il est directeur de recherches au CNRS. Dans le Monde du 6 septembre 2006, il publie dans Le Monde une « opinion » fort intéressante. Halévi pense que la guerre au Liban est un fiasco général, y compris pour le Hezbollah. Extrait : « Le Hezbollah s'est lourdement trompé sur "l'ennemi sioniste". Les milliers de roquettes et de missiles qu'il faisait pleuvoir sur le nord d'Israël n'ont en rien entamé la résilience d'une population qu'il croyait définitivement corrompue par les charmes frelatés du monde moderne, habitée par la peur de souffrir et gagnée par la répugnance à combattre. La critique virulente qu'adressent aujourd'hui des milliers de réservistes israéliens à leur gouvernement n'est pas de les avoir envoyés à la guerre mais de les avoir empêchés de la gagner. Du fond de sa cachette, M. Nasrallah vient de découvrir les ressorts insoupçonnés d'une société qui marie dans un curieux dosage les "futilités" de notre époque avec un puissant sentiment de son identité nationale.
Source : Le Monde du 5 septembre 2006.
« Mais pourquoi diable ce voyage ? » : Jack Lang en Iran :
Enfin pour terminer cette revue de presse, nous voudrions le propos de Bernard-Henri Lévy. BHL s’interrogent à juste titre : Pourquoi donc Jack Lang est-il allé en Syrie et en Iran ?
« Hier à Damas, aujourd'hui à Téhéran. Mais pourquoi diable ce voyage ? A-t-il rencontré des dissidents ? Parlé à des opposants ? A-t-il, comme il le fit, naguère, à Prague ou à Belgrade, porté le témoignage de la société civile française à la société civile iranienne en lutte contre la dictature ? Est-il allé à l'exposition des caricatures de la Shoah ? A-t-il demandé à ses instigateurs pourquoi, comme dit Cavanna dans Charlie Hebdo, quand des Danois insultent le Prophète, c'est aux juifs que l'on s'en prend ? A-t-il dit à Ahmadinejad (ou, Ahmadinejad n'ayant pas daigné le recevoir, au « proche conseiller » d'Ahmadinejad qu'il a rencontré) ce qu'il pensait du projet de colloque négationniste annoncé par le régime ? A-t-il, fort de son autorité et de son passé, fait savoir que le président d'un grand pays, héritier d'une civilisation bimillénaire, ne peut pas parler ainsi, comme il le fait à tout bout de champ, de rayer un autre pays de la carte ? Non hélas. Il n'a rien dit de cela. Et c'est pourquoi, quelque amitié, considération, que l'on ait pour lui, il est difficile d'imaginer sans un certain malaise ce face-à-face absurde, inutile et, pour tout dire, assez désolant avec les nouveaux spécialistes de la manipulation de l'« idiot utile » qui l'ont baladé pendant deux jours. »
Source : Le Point, 8 septembre 2006
Marc Knobel