Tribune
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Publié le 16 Mars 2004

La responsabilité d’Israël, selon Jean-Pierre Elkabbach

Il est toujours délicat de critiquer le travail d’un confrère et loin de moi l’idée de m’ériger en censeur. Mais il me parait bien plus difficile encore de ne pas réagir à la consternante prestation de Jean-Pierre Elkabbach qui recevait vendredi 12 mars sur Europe 1, le général Ruth Yaron, porte parole de l’armée israélienne.



Au lendemain des attentats de Madrid Jean-Pierre Elkabbach souhaitait démarrer l’interview en faisant réagir le Général Yaron au gigantesque massacre perpétré selon toute probabilité par les terroristes islamistes d’Al Qaïda.

Question de Jean-Pierre Elkabbach à l’adresse du militaire israélien : « Ne vous sentez-vous pas une part de responsabilité dans ce qui vient de se passer à Madrid ? »

Oui, vous avez entendu l’invraisemblable question posée en direct sur l’antenne d’Europe 1 par l’un des journalistes vedettes de la station et auquel beaucoup de ses confrères n’hésitent pas à décerner le titre de meilleur intervieweur de France.

C’est peut-être précisément pour cette raison que la question de Jean-Pierre Elkabach constitue un dérapage grave et indigne.

Quelle qu’ait pu être la réponse forcément négative du général israélien, une telle question autorise l’auditeur à penser qu’il n’est pas de malheur du monde dans lequel Israël ne tient pas au moins une part de responsabilité. Que cette interrogation est en tous cas le point de départ de toute réflexion, de toute analyse chaque fois qu’un attentat terroriste est commis sur n’importe quel point du globe.

Israël responsable et donc coupable de tout, des morts de Madrid, de la guerre en Irak, de la folie d’Al Qaïda, de la montée planétaire de l’islamo nazisme, que sais-je encore ?

Jean-Pierre Elkabbach, réputé pour son courage intellectuel et son anticonformisme (je suis à peine ironique), ne fait finalement qu’abonder dans le sens de l’opinion commune d’une majorité d’Européens dont un sondage nous avait révélé à l’automne dernier qu’ils sont près des deux tiers à considérer qu’Israël constitue la principale menace pour la paix du monde.

Clément Weill-Raynal,

RCJ, le 15 mars 2004