Tribune
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Publié le 14 Novembre 2011

La troisième intifada est là, par Khaled Abu Toameh

Ce texte est publié dans la rubrique Tribunes Libres réservée aux commentaires issus de la presse. Les auteurs expriment ici leurs propres positions, qui peuvent être différentes de celles du CRIF.




La troisième intifada est déjà là, et ce n’est pas dans les rues de Gaza et de Ramallah qu’elle est menée contre Israël, mais sur l'arène internationale.
C’est une Intifada diplomatique, qui vise à rallier le monde contre Israël dans l'espoir de le forcer à accepter toutes les demandes de l'Autorité palestinienne, avant toute autre chose et au préalable d’un retrait complet d’Israël dans ses frontières antérieures à l’armistice de 1967.



Les responsables palestiniens disent que même si leur demande d'adhésion au Conseil de sécurité en tant qu’Etat membre échoue, ils poursuivront leur lutte à l'Assemblée générale de l'ONU, où leurs chances de succès sont garanties.



L'AP est arrivée à la conclusion qu'il n'y a pas lieu de poursuivre les négociations avec Israël, car aucun gouvernement israélien ne pourra donner aux Palestiniens ce qu'ils veulent.



Le leader palestinien Mahmoud Abbas a décidé qu'il est préférable de négocier avec l'ONU qu'avec Israël.



Il espère que l'ONU va lui accorder ce qu'Israël refuse de lui donner à la table des négociations.



Les responsables de l'AP espèrent que la pression internationale va mettre Israël à genoux. Ils soulignent que des mesures similaires ont contraint l’Afrique du Sud de l'apartheid à succomber à la volonté de la communauté internationale.



Ce succès à l'Assemblée générale, expliquent-ils, ouvrira la voie à l'adhésion palestinienne à d'innombrables organisations de l'ONU, y compris la Cour pénale internationale et l'Organisation mondiale de la Santé.



Une fois que l'AP siégera au sein de ces organes onusiens, elle prévoit de lancer une campagne diplomatique massive, visant à isoler Israël. Le but ultime est d'obtenir l'expulsion d'Israël de la majorité des organes de l'ONU, sur le motif qu'il refuse de se conformer aux résolutions onusiennes dans le conflit israélo-arabe.



L'AP affirme qu'elle veut utiliser son statut nouvellement acquis de membre à l'UNESCO pour entamer un certain nombre de poursuites judiciaires contre Israël devant les tribunaux et les forums internationaux, pour vols présumés et destructions de sites archéologiques et d’antiquités à Jérusalem.



L’AP a également dit qu'elle à l’intention d’accuser Israël de «changer et de détruire le caractère et la culture arabes et islamiques de Jérusalem et de divers lieux saints de la ville».



Les représentants de l'AP font part également de leur intention d’entamer une série de mesures punitives contre Israël dans l'arène internationale. L’une des idées évoquées à Ramallah est celle de la poursuite judiciaire de centaines d'Israéliens, pour «crimes de guerre» contre les Palestiniens au cours des dernières décennies.



Lorsque l’on écoute les responsables palestiniens à Ramallah, on a l'impression que l'AP est plus à l’oeuvre pour punir Israël que pour créer un Etat pour son peuple.



Cette nouvelle intifada à échelle internationale de l’Autorité palestinienne contre Israël ne fait que creuser un fossé plus grand et augmenter encore les tensions entre Israéliens et Palestiniens. Beaucoup d'Israéliens se sentent poussés au pied du mur par Mahmoud Abbas et sa campagne mondiale contre Israël.



Il risque à présent de perdre la sympathie de la majorité d'Israéliens qui soutient la solution à deux Etats et qui est prête à faire de nombreuses concessions aux Palestiniens.



Mais Mahmoud Abbas n'a de façon évidente plus rien à faire de ce que les Israéliens pensent et cela explique pourquoi, cette semaine, il a déclaré aux journalistes dans son bureau: «Je vais continuer ma démarche à l'ONU et je ne me soucie de personne».



Khaled Abu Toameh, est un journaliste arabe musulman primé et vétéran, qui a couvert l’actualité palestinienne durant près de trente ans. Il a étudié à l'Université hébraïque et a commencé sa carrière comme journaliste en travaillant pour un journal affilié à l'OLP, à Jérusalem. Khaled Abu Toameh travaille actuellement pour plusieurs médias internationaux, servant d’«yeux et d’oreilles» en Judée Samarie et à Gaza pour les journalistes étrangers. Les articles d’Abu Toameh ont paru dans de nombreux journaux à travers le monde, y compris le Wall Street Journal, US News & World Report et le Sunday Times de Londres. Depuis 2002, il a traité l’actualité palestinienne pour le Jerusalem Post. Abu Toameh travaille également en tant que producteur et consultant pour la chaîne NBC News, depuis 1989.



Photo : D.R.



Source : The Hudson New York, edition du 8 novembre 2011