Tribune
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Publié le 18 Mars 2011

La tuerie d’Itamar, par Gérard Akoun

Ce texte est publié dans la rubrique Tribunes Libres réservée aux commentaires issus de la presse. Les auteurs expriment ici leurs propres positions, qui peuvent être différentes de celles du CRIF.




Un père, une mère et trois de leurs enfants ont été massacrés, pendant leur sommeil dans l’implantation d’Itamar, ils ont été égorgés, le plus jeune n’avait que trois mois, un bébé qui n’a pas trouvé grâce auprès du ou des tueurs. On reste sidéré devant de tels actes de barbarie qui ont été salués par des cris de joie à Gaza, on a même distribué des bonbons, des douceurs, à des enfants qui devaient avoir, probablement, le même âge que ceux ont été assassinés.



Cet horrible attentat a été condamné dans des journaux palestiniens, Mahmoud Abbas en a fait autant, non sur les ondes de CNN ou de la BBC mais sur celles de kol Israël, il s’est engagé à ce que la police palestinienne participe à la recherche des tueurs. Joue t’il un double jeu, comme le pensent certains dirigeants israéliens, qui estiment qu’il encouragerait les attentats en sous main ? Rien n’est impossible, mais je ne vois vraiment pas le bénéfice qu’il pourrait en tirer, alors que la stratégie mise en œuvre depuis quelques mois, qui consiste à obtenir la reconnaissance de l’Etat de Palestine par l’assemblée des Nations Unies, semble porter ses fruits. En revanche, la reprise de la tension est l’objectif que recherchent le Hamas, le Hezbollah et l’Iran qui ne veulent absolument pas d’un retour à la table des négociations israélo palestiniennes. Benyamin Netanyahou devait faire, poussé par les américains, en avril ou mai, des propositions, qui devaient en principe, étoffer, donner du corps au discours prononcé à l’université de Bar Ilan, dans lequel il acceptait la création d’un état palestinien. Ce n’est plus d’actualité. A l’horreur va succéder la répression, les libertés accordées aux palestiniens en Cisjordanie vont être à nouveau limitées, et le risque d’une troisième intifada n’est pas à écarter, d’autant que des armes très sophistiquées sont expédiées d’Iran pour enrichir l’arsenal du Hamas, comme le prouve la saisie de la cargaison du Victoria, le navire que la marine Israélienne a arraisonné.



Ce qui s’est passé à Itamar est très grave, ce n’est pas l’acte isolé d’un fou criminel, ses commanditaires veulent mettre le feu à la région. On doit s’étonner de la mollesse des réactions des gouvernants européens et s’indigner, à juste titre, des commentaires de la presse écrite, ou de certains media audiovisuels qui ont rangé ce meurtre horrible dans la catégorie des faits divers ou qui ont considéré que cette famille martyre l’avait bien cherché puisqu’elle habitait dans une colonie ! Aveuglés sans doute par leur antisionisme, même inconscient, ils ne se sont pas interrogés sur la monstruosité du crime, comme d’ailleurs ne l’ont pas fait les chantres de l’indignation à géographie variable qui continuent leur semaine de boycott d’Israël, sans se préoccuper de la répression dont sont victimes les libyens, dont les morts et les blessés se comptent par milliers, des jeunes en particulier, massacrés parce qu’ils aspiraient à plus de démocratie.



En Israël, la population a été bouleversée, prés de 20000 personnes ont suivi l’enterrement des victimes. Le gouvernement, les députés de la Knesset ont aussi manifesté leur émotion, ils ont stigmatisé les assassins, promis de les arrêter et de leur faire payer leur crime. Mais fallait-il aussi, pour calmer la colère des israéliens, et en particulier celle des habitants des implantations, se précipiter pour annoncer, en mesure de représailles, la construction en Cisjordanie de 300 à 500 logements, dont les plans dormaient dans les cartons? Le gouvernement, s’est il rendu compte qu’en agissant ainsi, il pouvait donner l’impression de se saisir de ce drame pour rompre un gel qui existait de facto depuis plusieurs mois, qu’en agissant ainsi, il ne faisait, et cela est bien plus grave, que satisfaire les attentes de ceux qui avaient commandité cet attentat ? Ils voulaient empêcher une reprise des négociations entre l’Autorité palestinienne et le gouvernement israélien, ils vont arriver à leurs fins, d’autant que cet attentat va renforcer en Israël et au sein du gouvernement les opposants à toute concession, au nom de la sécurité.



Le gouvernement de Benyamin Netanyahou a fait preuve d’irresponsabilité en se précipitant tête baissée, dans un piége. Il lui faudra maintenant agir avec sang froid pour calmer la colère des israéliens tout en continuant à négocier avec les palestiniens malgré les tentatives des extrémistes de tout bord pour les faire échouer. Les terroristes ne doivent pas conduire la politique d’Israël.



Chronique politique du 17 mars 2011 - Judaïques FM 94.8



Photo : D.R.