Marc Knobel
L’été dernier, lorsqu’il a été question que la Conférence d’examen de Durban (CED) dont la tenue est prévue pour le printemps de 2009, le Congrès juif canadien (CJC) a identifié comme ministre responsable du dossier Jason Kenney, secrétaire d’Etat (Multiculturalisme et Identité canadienne). Il a alors entamé un dialogue avec lui et ses fonctionnaires.
Le CJC a fait part au ministre de son opinion sur le processus de Durban. Il a partagé avec Jason Kenney son propre point de vue ainsi que des briefings. Le CJC a confié au secrétaire d’Etat des faits indéniables dans la mesure où il avait identifié des signes qui se sont dégagés du "prepcomm" (réunion préparatoire) de l’automne, que voici :
Les préparatifs de la conférence sont présidés par la Libye (avec des délégués de pays tels l’Iran, le Pakistan et la Cuba).
- Le premier prepcomm est prévu pour le mois d’avril et doit coïncider avec la Pâque juive, tandis que le second arrivera en même temps que le prochain Yom Kippour.
- Il sera question d’islamophobie. On tentera sans nul doute de faire de ce dossier un tremplin pour condamner les démocraties occidentales, notamment les États-unis et Israël.
- Le processus de Durban se servira d’Israël pour mettre l’Occident sur le banc des accusés.
-Des pays musulmans ont également essayé de semer des doutes sur le bien-fondé du concept « d’antisémitisme », en rappelant qu’ils sont eux-mêmes des sémites.
À mesure qu’il est devenu clair que l’ordre du jour avait été imposé en ces termes, le Canadian Council for Israel and Jewish Advocacy (CIJA) a assumé le rôle de coordinateur parmi les principales organisations au Canada sous son égide (notamment le Congrès juif canadien et le Comité Canada-Israël).
Le gouvernement conservateur, actuellement en pouvoir au Canada, s’est montré sensible aux inquiétudes qui ont été exprimées par le Canadian Council. Finalement, le gouvernement du Canada a exprimé sa position :
Ayant déterminé que le processus était déjà corrompu et politicisé contre Israël, les États-Unis et l’Ouest sans aucun espoir que ce processus puisse être sauvé, le gouvernement a agi par principe et a décidé que le Canada devrait se retirer de la Conférence d’examen de Durban, en 2009.
Enfin, le Canada a tranché sur la décision cruciale de ne pas fournir de financement direct à des ONG canadiennes pour participer à la Conférence de Durban, comme c'était le cas en 2001.
Par ailleurs, le CIJA, le CJC et le CIC ont joué un rôle décisif afin d’expliquer aux partis d’opposition du Canada qu’ils devaient entériner les prises de position du gouvernement. Le CJC a également été en étroite relation avec des associations aux Etats-Unis et en Europe, par l’entremise du Congrès juif mondial en vue de la formulation de stratégies et d'un partage de l’information.
D’autres pays devraient suivre l’exemple du Canada. Le CJC prévoit par ailleurs de rencontrer des ambassadeurs au Canada venant de pays qui sont potentiellement prêts à se distancer de la Conférence d’examen de Durban.
Le CJC pense que tout dialogue avec les gouvernements, ambassades et ONG doit être axé sur le besoin de se concentrer tant sur les projets d’antiracisme que sur ceux qui favorisent les droits de la personne. Il doit y avoir également un dialogue sur les démarches à prendre pour aller de l’avant dans une atmosphère internationale dépolitisée. Malheureusement, il ne sera pas possible d’y parvenir à Durban II.