Tenté par l'incertain rôle de prévisionniste, je suis rattrapé par l'actualité. Hier, 27 décembre, a commencé l'attaque par Israël des bases du Hamas à Gaza. Peu d'opérations militaires ont été aussi prévisibles, aussi inéluctables et aussi annoncées que celle-ci. Les responsables israéliens de façon unanime et, pour certains émouvante, avaient prévenu le Hamas des conséquences de la reprise des tirs vers les villes israéliennes. Rien n'y a fait: le Hamas a continué. Pourquoi?
Réaction disproportionnée, entendra-t-on, sans parler des habituelles accusations de massacres, de génocide et de crime inouï chez ceux qui de façon réflexe vilipendent Israël en même temps qu'ils minorent les grands crimes de notre temps. Imagine-t-on qu'Israël aurait dû lancer contre Gaza roquette contre roquette, mortier contre mortier et que le Hamas, impressionné, aurait ainsi arrêté ses tirs? Chacun savait que la riposte israélienne serait de grande ampleur, faute de quoi elle n'aurait aucune efficacité. Veut-on insinuer, comme des articles récents le suggèrent, que le Hamas est devenu une organisation respectable? Relisons l'appel au meurtre généralisé des Juifs inscrit dans sa charte, jamais modifiée. Méditons sur Gilad Shalit, emprisonné depuis près de 1000 jours dans un secret inhumain.
Avant tout, penser aux morts et aux vies brisées. Elles sont nombreuses, et probablement, quelle que soit la précision des attaques, des civils sont atteints, des enfants aussi. Chaque être humain est un continent. Personne, juif ou arabe, ne se définit par un chiffre. Le respect de la vie humaine est pour un Juif le devoir primordial et son application est universelle. A l'oublier, que serions-nous?
Mais un Etat doit assurer la sécurité de sa population. Et quel Etat au monde aurait attendu aussi longtemps sans réagir à des tirs au travers de sa frontière, mettant en danger ses citoyens et désorganisant leur existence?
Les tirs du Hamas contre Sderot ou Ashkelon n'ont pas d'efficacité militaire; ils sont envoyés pour engendrer l'angoisse chez les israéliens, les tuer si possible, et pour montrer aux militants que le mouvement reste à la pointe du combat contre les "sionistes", contrairement aux frères ennemis méprisés de l'OLP. Ces tirs n'ont qu'un but politique. Mais les poursuivre en sachant qu'Israël va riposter violemment, suggère que les dirigeants du Hamas, sauf à être aveugles, sourds ou très présomptueux, avaient intégré ces représailles dans leur décision. Pourquoi? Faire valoir dans le monde arabe une image de combattants héroïques? Montrer, grâce aux renforcements de leurs capacités militaires ces derniers mois, qu'ils peuvent mener contre Israël un combat digne du Hezbollah? Ou bien suivre les instructions données par les fournisseurs iraniens du Hamas, et relayées par la direction du parti, installée à l'abri à Damas?
On avait entendu des nuances entre le discours réticent d'un Ismaël Haniyeh à Gaza et le ton offensif d'un Khaled Mashal en Syrie; c'est apparemment ce dernier qui l'a emporté. La situation rappellerait la récente guerre du Liban, où -Nasrallah l'avait avoué dans une déclaration de regrets célèbre - l'attaque du Hezbollah contre des soldats israéliens sur le territoire d'Israël, qui a déclenché les combats, avait été effectuée par le Hezbollah sur instruction des commanditaires iraniens.
Les iraniens sont aujourd'hui les vrais donneurs d'ordres sur les deux frontières les plus explosives d'Israël, au Liban avec le Hezbollah et à Gaza avec le Hamas. Leurs obligés ne font pas la politique de leur peuple, libanais ou palestinien, ils suivent les instructions de l'Iran qui a certainement eu son mot à dire dans la reprise des tirs. Le régime iranien, expert en gabegie économique, en désastre avec l'effondrement des cours pétroliers, s'inquiète avant le changement d'administration américaine et les élections israéliennes. En but aux critiques de sa population, de plus en plus répressif, il essaie comme d'habitude de détourner l'attention et la colère par une croisade anti-israélienne.
Jouant un rôle majeur dans la préparation de la réunion de suivi de Durban à Genève du 20 au 24 avril 2009, qu'il espère transformer en un Forum anti-israélien et anti-occidental, l'Iran est un membre éminent, avec la Libye et Cuba (il est interdit de rire) du Comité préparatoire de cette Conférence sur les Droits de l'Homme. Car Ahmadinedjad ne manque pas d'admirateurs dans le monde, à preuve le chaleureux accueil qu'il a reçu à l'ONU du père Miguel d'Escoto Brockmann, Président de l'Assemblée Générale. Ahmadinedjad que Channel Four, grande télévision britannique de service public, a choisi pour les vœux de Noël à ses spectateurs....
(Actualité juive 8 janvier 2009 )