Il y a quelques jours, des membres de l’organisation islamiste turque IHH – l’organisation qui était à l’origine de la flottille vers Gaza – rentrent à Istanbul. Ils détiennent des photos qu’ils ont prises sur le «Mavi Marmara», lors des affrontements qui ont opposé des membres de l’IHH aux commandos de marine israéliens. Les photos sont publiées par le grand quotidien turc «Hürriyet», et parallèlement elles sont transmises à d’autres médias internationaux.
Sur ces photos, on voit des militaires israéliens ensanglantés, aux mains des hommes de l’IHH. Des images dures, qui démentent la thèse diffusée par les islamistes, et relayée complaisamment par divers médias occidentaux, selon laquelle les militaires israéliens auraient attaqué des pacifistes désarmés.
Pourquoi donc avoir publié ces images ? Par esprit de gloriole, sans doute, pour montrer au monde des Israéliens mis à mal par des Turcs.
Quoi qu’il en soit, ces images sont relayées notamment par l’agence Reuters. Un blogueur américain les examine, il les compare aux originaux publiés par les Turcs, et il voit que deux photos ont été «recadrées», c’est-à-dire que des détails qui se trouvaient sur les bords des photos ne sont plus visibles. Et de quoi s’agit-il ? Sur deux photos différentes, le recadreur anonyme de l’agence Reuters a fait disparaître à chaque fois un couteau. Pas un couteau de cuisine : une arme brandie par un homme – et, dans un des deux cas, à côté d’une flaque de sang.
Protestations, scandale: Reuters est contraint de rectifier les photos.
Erreur humaine, dit-on. Peut-être. Mais une erreur significative, en un temps où, même quand on montre le visage ensanglanté d’un jeune Israélien, on ne peut pas voir le couteau islamiste relégué dans l’angle mort de la photo.
Un angle mort : voilà où se trouve l’arme qui menace les Israéliens.
Cachez ce couteau que je ne saurais voir.
(Billet diffusé sur RCJ le 9 juin 2010)
Photo : D.R.