Tribune
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Publié le 16 Mai 2006

Le désespoir en bannière

Faut-il être désespérément pessimiste pour se sentir pro israélien ? Même s’ils ne constituent pas, loin s’en faut, la majorité des attitudes chez les amis d’Israël et de la Communauté juive, ils sont assez visibles et audibles, ceux qui considèrent que la situation au regard du judaïsme est au mieux catastrophique et au pire désespérée… Editoriaux, conférences, articles, pamphlets et même romans, décrivent par le menu un avenir sombre, à la lumière d’un présent morose et plein de menaces.


Les défenseurs du judaïsme et d’Israël seraient-ils des incompris, isolés, dernier carré des fidèles obligés de se crisper face à une classe politique, une presse et des concitoyens qui auraient définitivement adopté le renoncement et l’abandon face à la menace ?
Lorsque je lis certains commentaires aussi pessimistes, je pense immanquablement à cette célèbre blague des deux passagers du train, l’un juif et l’autre non. Notre coreligionnaire ayant oublié toutes ses affaires (du pull-over à la serviette en passant par le peigne), son vis-à-vis fournit de bonne grâce l’ensemble des choses oubliées, mais sur la brosse à dents « objet strictement personnel », il demeure intraitable. Et l’autre de conclure : « Depuis le départ, je sais que vous êtes antisémite. »
Nous, les optimistes, ne méconnaissons pas les véritables menaces. Oui, le gouvernement palestinien est aux mains du Hamas. Oui, le Président iranien appelle à la destruction d’Israël et tente de s’équiper de l’arme nucléaire. Mais dans ces deux dossiers, l’Europe et les Etats-Unis ont adopté une attitude de fermeté qui montre que ni Israël, ni ses amis dans le monde ne sont isolés.
Rêver de paix et à l’instar d’Israël, agir pour son avènement, ne signifie nullement baisser la garde ou tomber dans les excès d’un pacifisme aussi dangereux qu’unilatéral.
En France, l’antisémitisme a régressé et lors de l’assassinat d’Ilan Halimi, l’Etat a montré une détermination exemplaire dans la traque et l’arrestation de ses assassins et de ses tortionnaires.
En ce moment même, Israël célèbre en grande pompe l’amitié avec la France, la Fondation France-Israël a vu le jour et le partenariat entre les deux pays dans la plupart des domaines, sans atteindre la lune de miel des années cinquante, est au beau fixe.
Dans une relation entre deux Etats, l’amitié ne signifie jamais l’alignement des positions de l’un sur celles de l’autre (il existe des « brosses à dents » diplomatiques !) et ceux qui y prétendent ne peuvent vivre leur action que comme une source de constante frustration.
Quant à nous, n’oublions pas qu’aux plus difficiles moments de l’Histoire, le mouvement sioniste et l’Etat d’Israël ont fait de l’espoir leur hymne national.
Jean-François Strouf
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