Dans la deuxième partie de son intervention, le président américain a donné sa vision de la situation au Proche-Orient, qu’il devrait réitérer lors de son entretien avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ce vendredi 20 mai.
On peut faire plusieurs lectures de son intervention. La plus radicale consisterait à retenir qu’il a appelé les Israéliens à revenir aux frontières de 1967, en se prononçant pour un Etat de Palestine.
Mais si on lit attentivement le texte de son discours, on peut noter les points suivants :
1/ À propos d’Israël
-Barack Obama reconnaît Israël en tant qu’Etat juif et patrie du peuple juif,
-Il n’a pas voulu traiter des problèmes de Jérusalem et des réfugiés palestiniens,
-Il condamne fermement « les efforts faits pour délégitimer Israël », précisant sa pensée : « des actions symboliques menées pour isoler Israël à l’ONU en septembre ne créeront pas un Etat indépendant »,
-Il lance un appel aux Israéliens et aux Palestiniens d’agir, mais « aucune paix ne peut leur être imposée »,
-Il prend acte que la « colonisation » se poursuit sans demander des sanctions contre Israël,
2/ À propos des Palestiniens
-Barack Obama reconnaît que les Palestiniens ont quitté les négociations (alors qu’Israël ne cesse de leur demander de les reprendre),
-Il précise que les Palestiniens ne parviendront jamais à leur indépendance en niant le droit d’Israël d’exister,
-Il demande des comptes au Hamas qui ne devra pas persister sur la voie de la terreur et son refus de reconnaître Israël et reconnaît que l’accord entre l’organisation terroriste et le Fatah « soulève les questions profondes légitimes pour Israël ». Le président attend des réponses précises sur ces points dans les semaines et mois à venir,
-Tout comme Israël, Barack Obama se prononce pour un Etat palestinien démilitarisé. C’est à cette condition que le retrait « total et progressif » de l’armée israélienne doit se faire,
Ce qui pose problème, c’est le passage suivant : « les frontières d’Israël et la Palestine doivent être basées sur les lignes de 1967 avec des échanges de terre acceptés d’un commun accord, de sorte que les frontières sures et reconnues soient établies pour les deux Etats ».
Cette proposition passe mal. Les frontières de l’avant - 5 juin 1967 sont indéfendables. Israël était alors un pays minuscule en position d’extrême fragilité. Par certains endroits, sa largeur ne dépassait pas celle de la ligne 1 du métro parisien. Jérusalem était alors divisée et les Juifs n’avaient pas accès aux lieux saints.
Le président des Etats-Unis et il n’est pas le seul semble avoir oublié la résolution 242 du conseil de sécurité de l’ONU du 22 novembre 1967 qui mentionne « le retrait des forces armées israéliennes de territoires occupés [et non pas de tous les territoires occupés] ».
À plusieurs reprises, le gouvernement israélien a annoncé qu’il était prêt à faire des « concessions douloureuses » et à évacuer des territoires. Mais il a déjà annoncé à plusieurs reprises qu’il n’évacuera pas des blocs d’implantations comme le Goush Etsion.
C’est là que réside la divergence entre Américains et Israéliens.
La plupart des commentateurs israéliens ont relevé avec déception la demande de retour aux frontières de 1967. Mais répétons le, le président américain est favorable à des négociations entre Israéliens et Palestiniens. Il faudra qu’elles soient bilatérales et qu’elles s’inscrivent dans le cadre bien compris de la résolution 242 qui prévoit des rectifications des territoires.
Benjamin Netanyahu, après le discours de Barack Obama parviendra-t-il à convaincre Mahmoud Abbas à reprendre les négociations ?
Haïm Musicant
Photo : D.R.