Tribune
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Publié le 10 Décembre 2002

Le mensonge de Daniel Mermet

C’est un petit dîner entre amis. Un dîner bourgeois comme il y en a tous les soirs, un dîner raconté par le magazine Elle qui parait cette semaine. Et de quoi parle-t-on dans ces dîners? D’Israël, bien sûr, et des Palestiniens. Il parait, c’est le journal féminin qui l’affirme, que l’on ne peut plus en parler sans se fâcher entre amis.



Les juifs prennent tout très mal, les juifs, parait-il, ne supportent pas qu’on dise du mal d’Israël, encore moins que l’on critique Ariel Sharon.

A l’appui de cette démonstration, le cas du pauvre Daniel Mermet, un journaliste de France Inter, poursuivi par des associations juives devant les tribunaux pour de nombreux dérapages à l’antenne.

Et Daniel Mermet d’expliquer au magazine féminin: « J’ai critiqué Sharon dans mon émission. J’ai été immédiatement attaqué sur le terrain de l’antisémitisme ». A en croire Daniel Mermet, les sionistes utiliseraient ainsi de manière indigne le thème de l’antisémitisme pour faire taire toute critique contre la politique d’Israël. L’affaire Mermet est devenue un cas emblématique. Le « journal » Elle a raison au moins sur un point : on ne parle plus que de ça dans les dîners en ville et une pétition de soutien à Daniel Mermet, intitulée « A-t-on le droit de critiquer Sharon ? », a réuni des milliers de signatures.

« A- t-on le droit de critiquer Sharon ? » Le titre même de cette pétition illustre à quel point le lobby anti-juif en France a réussi patiemment, méthodiquement, à construire un mensonge pervers et insidieux ?

Il faut rappeler que ce n’est pas pour avoir critiqué Sharon mais bien pour avoir peut-être diffamé les juifs en tant que tels que Daniel Mermet a été poursuivi par des organisations juives. Est-il acceptable que sur une radio du service public comme France Inter, on accuse, je cite, « les juifs d’avoir cultivé, et exploité depuis cinquante ans le capital de pitié » dont ils s’estimeraient détenteur depuis la Shoah ?

Est-il acceptable que sur l’antenne de France Inter, dans l’émission de Daniel Mermet, on accuse les juifs « hypocrites », je cite toujours, « de manier avec virtuosité le bouclier de l’antisémitisme » pour masquer les crimes d’Israël.

L’imposture est totale. Car c’est au contraire Daniel Mermet qui a utilisé le thème du conflit israélo-palestinien pour réintroduire dans le débat – et de manière scandaleuse – la question de l’antisémitisme.

Aujourd’hui, Daniel Mermet, avec le soutien du lobby anti-juif, se pose en victime, utilise l’antenne du service public pour plaider sa défense sans laisser la parole à ses contradicteurs. Et prépare pour le mois de janvier un livre qui bénéficiera, n’en doutons pas, d’une large publicité. Les juifs sauront lui porter la contradiction.

Clément Weill-Raynal

RCJ, mardi 10 décembre 2002