Toute résolution négociée du conflit israélo-palestinien – dans le cadre du plus vaste plan de paix et de réconciliation – devrait être fondée sur le principe de deux Etats pour deux peuples vivant côte à côte en paix et en sécurité. En conséquence, la déclaration unilatérale d’un Etat palestinien nuirait plutôt que de résoudre le processus de paix israélo-palestinien, et constituerait un affront permanent à l’intégrité de l’Organisation des Nations Unies, des accords internationaux et du droit international.
Il n’est pas surprenant, donc, que le président américain Barack Obama, dans un discours prononcé le 19 mai a averti qu’une paix juste et durable n’est possible qu’à travers une approche négociée qui implique des concessions mutuelles. “Des actions symboliques pour isoler Israël aux Nations Unies en Septembre ne vont pas créer un Etat indépendant”, a déclaré le président, une position réaffirmée dans un communiqué par le G8 le 27 mai.
Une position similaire a également été prise par le président du Parlement européen, Jerzy Buzek. Lors d’une conférence de presse avec le Premier ministre palestinien Salam Fayyad le 15 Juin à Ramallah, M. Buzek a déclaré que la reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien serait «dangereux».
Le 27 Juillet, le Premier ministre Stephen Harper a rejeté une déclaration unilatérale d’indépendance par les Palestiniens comme «un développement très serviable.” Il a dit une solution à deux Etats doit être fondé sur «la reconnaissance mutuelle, y compris la reconnaissance d’Israël comme Etat juif.”
Ce qui est passé largement inaperçu, c’est que l’opposition à la déclaration unilatérale provient aussi du leadership palestinien et arabe. Tout d’abord, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, a déclaré que la candidature pour Etat “pourrait être un mouvement très dangereux pour les Palestiniens durant cette période.” Deuxièmement, le Hamas - qui serait sans doute une partie de l’Etat palestinien proposé – a appelé l’ensemble de l’exercice un «simulacre». Troisièmement, l’équipe palestinienne chargée de la préparation de cette initiative a donné un avis juridique indépendant – par son propre avocat – qui plaide contre une telle initiative et met en garde contre les graves risques impliqués pour le peuple palestinien, une position partagée par II roi de Jordanie Abdallah.
- Une telle déclaration unilatérale saperait tous les accords internationaux pour la paix qui ont été accepté, comme les résolutions du Conseil de sécurité 242, 338, et 1850, la Feuille de route pour la paix, et les diverses déclarations par le Quartet (ONU, Etats-Unis, l’Union européenne et la Russie ).
- Elle violerait les accords bilatéraux israélo-palestiniens existants, notamment les accords d’Oslo II, qui stipulent que “les deux parties s’engagent à ne prendre aucune mesure qui changerait le statut de la Cisjordanie et la bande de Gaza en attendant le résultat du statut permanent par des négociations “(article 31).
- Bien que l’Accord intérimaire israélo-palestinien ait été signé par Israël et l’Organisation de libération palestinienne, ils ont été assisté par l’ONU en collaboration avec l’Union européenne, la Fédération de Russie, les Etats-Unis, l’Egypte et la Norvège. Il serait hautement inapproprié pour ces témoins d’aujourd’hui d’autoriser une mesure de l’ONU qui aurait pour effet de violer cet accord, tout en sapant les principales résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et le Quartet lui-même.
- Une telle reconnaissance prématurée et précipitée – qui pourrait porter préjudice, plutôt que d’améliorer, les droits des Palestiniens et les Palestiniens ” et leur droit légitime à un Etat – pourrait bien précipiter de nouveaux affrontements et des violences. Les aspirations des Palestiniens seront frustrés plutôt que réalisé.
- Si une telle reconnaissance unilatérale de l’ONU devaient avoir lieu alors que le Hamas est l’autorité en cours à Gaza, en partenariat avec le Fatah, il aurait pour effet de constituer une reconnaissance du Hamas – une organisation terroriste interdite au Canada, aux États-Unis et dans les pays européens – alors que le Hamas continue de rejeter les exigences fondamentales de la communauté internationale, telles que la reconnaissance du droit d’Israël à exister, renonçant au terrorisme et d’accepter les accords internationaux antérieurs.
Seul un retour immédiat à des négociations directes entre Israël et les Palestiniens – basé sur le principe de reconnaissance mutuelle des deux Etats pour deux peuples – invitera l’établissement d’une paix juste et durable.
Irwin Cotler est député de Mont-Royal et ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada. Il est professeur émérite de droit à l’Université McGill et a enseigné et écrit abondamment sur le conflit israélo-arabe.
Photo: D.R.
Source : Gazette de Montréal