Soulignons que Brzezinski fait toujours appel au Président Obama pour exercer des pressions sur Israël.
Un sondage « très intéressant" selon lui a été publié par le Forum du centre Saban de Washington, qui a réuni comme chaque année des dirigeants politiques israéliens, des observateurs et des anciens responsables de l'administration américaine.
Selon Brzezinski, ce nouveau sondage du Centre Saban révèle que la majorité des Israéliens seraient prêts à renoncer à leur capacité atomique, (selon des sources étrangères) pour dissuader l'Iran à abandonner son programme de développement nucléaire.
Brzesinski a soutenu cette idée avec enthousiasme et a souligné que cette position témoigne " sophistication et intelligence" de la part du public israélien.
En consultant le site d'internet du Centre Saban nous apprenons que la question était rédigée ainsi: "étant donné les deux options: la première – Israël et l'Iran détiennent l'arme nucléaire, et la deuxième – aucun des deux pays ne la possède" 65% des Juifs israéliens ont préféré la deuxième option et seulement que 19% ont choisi la première.
Il est à noter que ce sondage ne fournit pas de troisième alternative au public israélien: la possibilité que l'Iran renonce à son arme nucléaire en laissant enfin Israël « respirer tranquillement ».
Soulignons que ce sondage, mené par Dr.Shibley Talahmi, n'a pas bénéficié d'une large couverture des médias mais a été à l'ordre du jour au sein des observateurs privilégiés traitant du Moyen Orient.
Cependant, une question fondamentale devrait être soulevée: pourquoi cette question pose un lien direct entre Israël et l'Iran au sujet du nucléaire? Les sondages d'opinion en Israël tentent en général d'examiner le soutien du public israélien dans les processus actuels et aucun parti du courant majoritaire à la Knesset n'a soulevé une proposition de ce genre concernant l'Iran.
Certes, les sondages peuvent être utilisés comme des "ballons d'essai", à savoir, fixer l'ordre du jour national et le promouvoir, mais il est bien bizarre de faire un lien direct entre le programme nucléaire iranien et Israël.
Ce lien ne figure pas dans les six résolutions adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU qui insiste sur le gel du programme de l'enrichissement de l'uranium iranien.
Il est évident que dans les milieux diplomatiques officiels nous entendons toujours le discours sur le besoin d'une zone exempte et démilitarisée d’armes atomiques et cela dans le cadre d'une vision à long terme, mais actuellement, même les Saoudiens n'ont pas exigé qu’Israël fasse partie du processus d'inspection d'armes comme condition préalable à l'arrêt de la course iranienne au nucléaire.
Toutefois, lorsqu'un un sondage se transforme en débat public à Washington, il n'est plus possible d'exclure l'option que cette idée s'infiltrera un jour dans l’arène politique des capitales occidentales.
Dans le monde arabe le danger iranien se précise. Un sondage publié en juillet 2011 par l'Institut arabo-américain, révèle que le soutien du monde arabe à l'Iran est en chute libre. La majorité pense que l'Iran joue un rôle négatif en Irak et dans le golfe persique. Si en 2006, 85 pour cent des Saoudiens pensaient positivement sur les intentions de l’Iran, aujourd’hui, seulement 6% pensent ainsi. En Egypte le pourcentage a chuté de 89% à 37%, et en Jordanie de 75% à 23%.
Dans le contexte des préoccupations croissantes de l'ambition iranienne dans le but d’aboutir à une hégémonie régionale au sein de toutes les populations du monde arabe, l'idée selon laquelle Israël aurait à payer le prix fort est complètement déconnectée de la réalité.
Les pays arabes n'ont jamais oublié que l'Iran prétend que Bahreïn est sa 14ème province. L'Arabie Saoudite s'inquiète du soutien iranien au soulèvement des chiites dans les régions Est du pays et riches en pétrole, et au Yémen sa voisine. Les pays arabes sont très préoccupés quant à leur avenir suite au retrait des forces américaines d'Irak. Ce pays risque en effet de devenir un Etat satellite iranien.
Il n’existe donc aucune équation logique sur la question soulevée sur Israël et l'Iran dans le sondage du Centre Saban. Cette analyse est bien mensongère, elle déforme la réalité et demeure dangereuse, car en Occident nombreux cherchent des excuses pour éviter de faire face au défi iranien. Ils supposent qu'un boycottage du pétrole iranien pourra influencer sur les prix du baril dans les marchés mondiaux et rendrait ainsi plus difficile le rétablissement de l'économie occidentale.
Pour plusieurs pays il serait plus facile d’exercer des pressions sur Israël que de mettre l'Iran en quarantaine. Pour toutes ces raisons, nous devrons mettre un terme définitif à toute idée liant Israël au programme nucléaire iranien.
Photo (Dore Gold) : D.R.
Source : le Centre des Affaires Politiques et de l’Etat à Jérusalem