Tribune
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Publié le 24 Mai 2005

Les Frères musulmans

Le journaliste du Monde, Xavier Ternisien, vient de publier, chez Fayard, une remarquable enquête, "Les Frères Musulmans".



Ce livre, bourré d'informations inédites, retrace l'histoire depuis sa fondation en Egypte dans les années 30 d'une confrérie, qui en quelques décennies est devenue une véritable "internationale islamiste" constituant la plus grande organisation musulmane à travers le monde.

Et peu importe la thèse développée par l'auteur, selon laquelle les Frères Musulmans représenterait aujourd'hui le courant modéré des islamistes. Le livre de Xavier Ternisien est suffisamment précis et objectif pour que lecteur puisse se forger son opinion.

Ainsi, il est intéressant d'apprendre que la Branche Palestinienne des Frères Musulmans a été créée dès 1945 par Saïd Ramadan, le propre père du très médiatique théologien Tarik Ramadan. C'est cette même organisation qui dans les années 80 a fait le choix stratégique du terrorisme aboutissant à la création du Hamas. "Les Frères Musulmans, explique Xavier Ternisien, ont une vision religieuse du conflit israélo-arabe qui les conduit à amalgamer, juifs et sionistes, à développer un antijudaïsme d'essence religieuse et à refuser tout droit à l'existence d'Israël".

En France, le mouvement le plus proche des Frères Musulmans est l'UOIF, l'Union des Organisations Islamiques de France, dont on connaît l'influence au sein de l'islam français. Que l'on se rassure, au moins provisoirement, l'UOIF ne cherche ni la guerre sainte, ni l'instauration généralisée de la charia, "Les frères musulmans ne veulent plus islamiser l'Europe", nous assure l'auteur de l'ouvrage, " car ils ont compris que cela n'était pas possible. Leur stratégie se limite à défendre leurs intérêts en pesant le plus démocratiquement possible sur les pouvoirs publics. Sur ce chemin, précise le journaliste, les dirigeants de l'UOIF se reconnaissent un ennemi: Le lobby sioniste, jugé trop puissant pour qu'on s'y attaque de manière frontale.

Dès lors, la tentation des islamistes de se constituer en force politique est grande, reconnaît Ternisien. Cette ambition politique est d'ailleurs apparue au grand jour, il a trois ans au Bourget, lors d'un discours de Fouad Alaoui, le véritable patron de l'UOIF. "Toute démarche politique, qui nuira au intérêts des Palestiniens, sera sanctionnée par les citoyens musulmans", avait menacé Fouad Alaoui.

Clément Weill-Raynal

RCJ, Lundi 23 mai 2005