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Dans cet article, nous avons voulu vérifier si Denis Jeambar avait vu juste et dans quel état d’esprit les « Palestinologues militants » se trouvent à quelques heures de la visite en France du Premier ministre israélien. La virulence de ton, les accusations infamantes et les amalgames douteux (apartheid, Afrique du Sud…) se multiplient et les « Palestinologues militants » continuent de voir -pour reprendre l’expression de Denis Jeambar- en Ariel Sharon « un massacreur de Palestiniens et un faucon fauteur de trouble ».
1. Sur le site Internet de la Cimade :
La Cimade est une association œcuménique créée en 1939 pour venir en aide aux personnes déplacées et regroupées dans les camps du sud de la France. Durant la seconde guerre mondiale, elle a participé activement à la résistance contre le nazisme et au sauvetage des Juifs. Après la guerre, elle a œuvré pour la réconciliation France Allemagne, puis pour l'indépendance et le développement des anciennes colonies, et en particulier de l'Algérie.
Historiquement liée aux mouvements de jeunesse protestants, la Cimade travaille aujourd'hui en collaboration avec d'autres organismes catholiques, orthodoxes et laïcs au service des réfugiés, des étrangers en France, et au développement solidaire des pays de l'Est et du Sud.
Dans la page d’accueil du site de la Cimade figure un encadré : « Stop the wall » avec la mention suivante : «La Cimade dans le cadre de la plateforme des ONG françaises pour la Palestine, demande le respect du droit international par Israël » (http://www.cimade.org/actus/Stop%20the%20wall.htm).
Lorsque l’on clique sur cette page, on trouve un très long texte sur la barrière de sécurité et un long développement sur le retrait de Gaza. Concernant notamment le retrait de Gaza, on peut lire l’extrait suivant : «Selon le plan de désengagement de la Bande de Gaza publié le 29 juin 2004 par le gouvernement israélien, «dans tout règlement définitif futur, il n'y aura pas de peuplement juif dans la bande de Gaza. Cependant, il est évident qu’en Judée et en Samarie, certaines zones feront partie intégrante de l'État d'Israël, notamment d’importants blocs de peuplement juif, des villes, villages et des zones de sécurité». En août 2004, le gouvernement décide d’accélérer le processus d’évacuation des 8 000 colons de Gaza tout en renforçant la colonisation en Cisjordanie. Paradoxe ? Non. «Le lien est évident. Sharon profite du retrait annoncé à Gaza pour consolider la présence juive en Cisjordanie ». Ainsi, contrairement à ce que pourrait faire croire l’opposition violente de l’extrême droite israélienne à tout retrait de Gaza, ce «retrait unilatéral» facilite en réalité l’annexion d’une partie des Territoires occupés. Il prévoit la poursuite de la construction du Mur en Cisjordanie afin de supprimer les conditions territoriales et politiques de la création d’un Etat palestinien.»
2. Sur le site de l’Association France Palestine Solidarité
A. Sur ce site est reproduit le communiqué du Collectif pour une paix juste entre Palestiniens et Israéliens (http://www.france-palestine.org/article2045.html).
«Le président de la République vient officiellement d’inviter le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, en France, le 27 juillet.
Nos organisations, qui agissent pour la reconnaissance des droits nationaux du peuple palestinien et pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, ne peuvent accepter sans réagir cette visite officielle.
Le gouvernement israélien tente de se réhabiliter en annonçant le retrait prochain des colons de la bande de Gaza qui, en réalité, maintiendra les Palestiniens dans une prison à ciel ouvert. De plus, il poursuit simultanément sa politique de colonisation et d’annexion de la Cisjordanie et de Jérusalem.»
Ce communiqué est signé par les organisations suivantes : Les Alternatifs, Association de défense des droits de l¹Homme au Maroc (ASDHOM), Association France-Palestine-Solidarité (AFPS), Association des jumelages France-Palestine (AJFP), Association des travailleurs maghrébins en France (ATMF), Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP), Les Casques bleus citoyens (LCBC), Collectif Faty Koumba, Collectif des musulmans de France (CMF), Collectif de pratiques et de réflexions féministes « Ruptures », Coordination des comités Palestine, Collectif Paix Palestine Israël de Saint-Denis (CPPI), Femmes en noir, Femmes solidaires, Ligue communiste révolutionnaire (LCR), Mouvement contre le racisme et pour l¹amitié entre les peuples (MRAP), Parti communiste des ouvriers de France (PCOF), Réseau féministe « Ruptures », Solidaires des Israéliens contre l¹occupation (SICO), Union générale des étudiants de Palestine (GUPS-France), Union juive française pour la paix (UJFP), les Verts.
B. Figure également sur ce site, des appels aux sanctions, au boycott et au désinvestissement contre Israël, publié le 15 juillet 2005 (http://www.france-palestine.org/article2022.html) :
« La société civile palestinienne appelle au boycott, aux sanctions et au désinvestissement contre Israël jusqu’à ce qu’il applique le Droit international et les Principes universels des Droits de l’Homme. »
« nous, représentants de la Société Civile Palestinienne, invitons les organisations des sociétés civiles internationales et les gens de conscience du monde entier à imposer de larges boycotts et à mettre en application des initiatives de désinvestissement contre Israël tels que ceux appliqués à l’Afrique du Sud à l’époque de l’Apartheid. Nous faisons appel à vous pour faire pression sur vos Etats respectifs pour qu’ils appliquent des embargos et des sanctions contre Israël. »
C. On trouve enfin cet appel : « Pas de criminel de guerre en France »,
publié le lundi 4 juillet 2005 » (http://www.france-palestine.org/article1972.html):
Communiqué du collectif « Bienvenue la Palestine » :
« La Campagne « Bienvenue la Palestine » organisée par un collectif informel et provisoire de militants associatifs (issus de la plupart des groupes actifs dans le mouvement de solidarité) et de personnes motivées par l’exigence de Justice en Palestine, s’est illustrée, tout au long du mois de juin 2005, par l’organisation de soirées dans des cafés franciliens sur le thème de la culture palestinienne. Cette opération a été un immense succès, par la qualité des débats, l’affluence du public, l’atmosphère sereine et festive qui y a présidé.
Apprenant l’invitation lancée par le Président de la République Française au Premier Ministre Israélien, Ariel Sharon, que nous dénonçons depuis des années comme un criminel de guerre, le Collectif initiateur de cette Campagne « Bienvenue la Palestine » propose de mobiliser l’ensemble des réseaux du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien autour d’une nouvelle Campagne unitaire contre la venue de Sharon en France. »
Elle a pour objet, non de se substituer aux organisations ou collectifs existants, mais d’entraîner dans une dynamique collective et par des actions novatrices, des personnes sensibles à cette question mais qui n’ont pas l’habitude de manifester, et aussi de mettre ensemble toutes les énergies des différents réseaux dans une série d’initiatives communes. Nous proposons la formule d’un collectif provisoire jusqu’à la levée de l’invitation faite à Sharon, pour nous donner les moyens de monter des actions visibles contre la venue de Sharon.
(…) Il s’agira d’animer deux cortèges … Ces deux cortèges, que nous voulons mettre en scène pour leur donner un maximum de visibilité, seront conduits par des chars (camions-plateaux sonorisés) sur lesquels seront invités à monter des artistes et intervenants divers, animations, musiques, lecture de poèmes... Derrière les chars, les cortèges seront organisés autour de thèmes et il faudra inventer des visuels forts. Le premier mettra en lumière la condition des réfugiés et des prisonniers palestiniens. Le second sera dédié à l’occupation avec ses différents corollaires, le Mur, et l’exigence que Sharon soit traité comme un criminel de guerre...
Exemples de proposition : un cortège est conduit par un pianiste debout sur un char (ce serait une première dans l’histoire des manifs), derrière les manifestants porterait tous sur eux des draps blancs sur lesquels seraient indiqués les crimes de Sharon qui lui serait représenté par une marionnette en tenue de bagnard car nous voulons qu’il soit jugé pour crimes de guerre, certains des manifestants porteraient des photos géantes des réfugiés des camps palestiniens, des exactions de l’armée d’occupation, d’autres porteraient des grands posters peints ou graffés au pochoir, des panneaux représentant le mur, des branches d’oliviers, etc. »
3) Sur le site de la plateforme des ONG françaises pour la Palestine
La Plateforme est devenue association loi 1901 en 2001, rassemble 38 associations, dont 22 sont membres signataires et 16 sont membres observateurs. La plateforme regroupe des organisations de solidarité internationale, des associations de sensibilisation, de développement, de recherche, de défense des Droits de l’Homme, des mouvements d'éducation populaire et des collectifs d'associations. Elles ont en commun l’adhésion à la Charte fondatrice de la plateforme.
Membres : AITEC, Association des Palestiniens de France, Association France Palestine Solidarité, Association des villes françaises jumelées avec des camps de réfugiés palestiniens, CCFD, Cedetim, CEMEA, CICUP, Cimade, Collectif des citoyens juifs et arabes, CVPR, Enfants du Monde - Droits de l'Homme, Enfants Réfugiés du Monde, Forum des Citoyens de la Méditerranée, GREF, Ligue des Droits de l'Homme, MRAP, Palestine 33, Pays de la Loire - Gaza - Jérusalem, Quartiers sans Frontières, Terre des Hommes-France, Union Juive Française pour la paix, Vétérinaires sans Frontières.
Observateurs : ACAT, Afran-Saurel, Agir ensemble pour les droits de l'Homme, Amnesty International, Association Pour Jérusalem, Collectif judéo-arabe et citoyen pour la paix - Strasbourg, Coordination Sud, CRID, Fondation France Libertés, Francas, Handicap International, Médecins du Monde, Ritimo, Secours Catholique, Secours Populaire Français, SIDI, Tiens voilà encore autre chose.
On trouve sur le site Internet de la plateforme une liste des campagnes qui sont organisées par la plateforme, notamment la campagne qui vise à la suspension de l’Accord d’association entre l’Union européenne et Israël.
Ce texte figure en bonne place sur le site :
« Occupation : pas d'Accords !
L'Europe peut agir pour la paix au Proche Orient »
Campagne pour la suspension de l'Accord d'association entre l'Union européenne et Israël tant que durera l'occupation des Territoires palestiniens
A l’initiative d’Agir Ici pour un Monde Solidaire et de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, cette campagne a été lancée le 24 avril 2002. Les buts sont largement explicités : « Premier partenaire économique d’Israël, l’UE dispose d’un moyen de pression pour pousser le gouvernement israélien à respecter le droit international : l’accord d’association UE-Israël. Signé en 1995 et entré en vigueur en 2000, celui-ci vise le développement du libre-échange, le renforcement de la coopération et l’instauration d’un dialogue politique régulier entre les parties. Cet accord, se base sur le respect des droits de l’Homme et des principes démocratiques. Or, plusieurs de ses clauses sont systématiquement violées par Israël. La suspension de l’accord d’association constitue donc le levier privilégié permettant à la Commission européenne et aux Etats membres de réaffirmer leur position, de faire cesser les violences et l’occupation des Territoires palestiniens. Le Parlement européen vient d'adopter une résolution dans laquelle il demande au Conseil d’association et à la Commission européenne de suspendre l'accord (Résolution B5-0194/02 COMPR du 10/04/2002). Cette décision reflète l’indignation de l’opinion publique. La mobilisation des sociétés civiles, dans chacun des Etats signataires, doit se poursuivre pour imposer une mobilisation civique. »
Conclusion provisoire :
Pour terminer, nous citerons quelques extraits d’un éditorial de Claude Imbert, dans Le Point, D’un antisémitisme l’autre, qui avait été publié il y a un an, le 12 août 2004 (N°1665 - Page 5) :
« La triste nouveauté, en notre beau pays, c'est que, chauffée à blanc par l'enragement du conflit, la détestation de la politique israélienne découvre parfois, sous roche, un antisémitisme larvaire (…) Plus pénible peut-être : le soutien légitime au peuple palestinien, lorsqu'il se « jusqu'au-boutise », en vient à envisager, sans le dire, la pure et simple disparition d'Israël. Aucun argument sensé n'autorise pourtant à mettre sur le même pied, d'un côté la répression - fût-elle, en ses méthodes, critiquable - d'un Etat démocratique assiégé, et de l'autre le terrorisme fanatique de groupes semi anarchiques échappant de plus en plus à l'autorité d'Arafat : l'Etat d'Israël, que l'on sache, n'endoctrine pas des enfants dans le culte de la bombe suicide...
Nos altermondialistes - et parfois notre diplomatie - se montrent plus volontiers à Ramallah qu'à Tel-Aviv. Or les victimes sont partout. Et si vous pensez que Sharon est, en effet, un chef d'Etat bien difficile à défendre, dites-vous aussi qu'Israël est, en France, un Etat de moins en moins défendu. »
Marc Knobel