Tribune
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Publié le 28 Mai 2004

Les informations que l’on ne lira pas en France

Depuis quelques jours, les médias se font concurrence pour relater les événements de Rafah, reprenant abondamment entre autres les propos de tel ministre ou de telle organisation humanitaire israéliens. Il est une source israélienne que certains quotidiens de référence français ou certains animateurs de radio aiment beaucoup citer afin d’entretenir le regard manichéen de leurs lecteurs ou auditeurs sur le conflit, c’est le quotidien israélien Haaretz. Ils ont pourtant pudiquement détourné les yeux cette semaine d’un article daté du 21 mai que l’on trouve sur la version anglaise de ce journal. Le journaliste Amir Oren y affirme que le general Zakaï a tenté de parlementer avec les dirigeants de la communauté de Rafah « quand la manifestation, à laquelle se mêlait des hommes armés s’est dirigée vers les soldats » et que « Quand les hommes ont obéi aux appels des hauts parleurs de se render aux autorités de Tsahal (…) ils ont été confrontés aux membres des organisations terroristes qui ont ouvert le feu sur eux et ont tué deux enfants. Un officier supérieur à Gaza a rapporté hier que Tsahal possède des photos de l’incident, de Palestiniens tuant leurs enfants ».



Dans la même lignée, un incident, non rapporté en France mais qui fait scandale en Israël (incident rapporté sur la fréquence juive ce matin) : l’aide apportée par des ambulances de l’ONU à des Palestiniens armés transportant des débris des soldats israéliens dont les chars ont été pulvérisés par des bombes. L’ONU reconnaît qu’une ambulance aurait été contrainte de charger ces hommes en armes. Pourtant des images diffusées à la télévision israélienne prouveraient une assistance volontaire. L’agence Reuters détiendrait des images encore plus évocatrices de cette scène, mais refuse de les communiquer. Elle a d’abord argué de leur mauvaise qualité pour aujourd’hui affirmer les avoir détruites.

Alors qu’il est de bon ton de reprocher aux instances juives leur « terrorisme intellectuel » vis à vis de ceux qui « critiquent Israël » (voir par exemple l’article d’Esther Benbassa dans le Nouvel Observateur titré « les incendiaires » ou l’émission de Daniel Mermet « Là bas si j’y suis » du 10 mai dernier portant le même titre) un autre incident – terrorisme réel celui-là - n’a guère ému la presse française. C’est le journal anglais « The Sun » qui le rapporte : si Madonna a supprimé Israël de sa tournée, c’est parce que ses enfants ont été visés par des menaces de mort de la part de personnes semblant bien connaître son entourage le plus proche.

Anne Lifshitz-Krams