Tribune
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Publié le 9 Novembre 2011

Les israéliens, ces violeurs? (sic), par Marc Knobel

Je croyais naïvement avoir tout lu et tout entendu sur le conflit israélo palestinien. Par le passé, quelques organisations propagandistes arabes et pro palestiniennes déclenchèrent une vaste opération de communication et accusèrent les israéliens de commettre un « génocide » à l’encontre du peuple palestinien. En 2002, de bonnes âmes s’escrimèrent à comparer le camp de Jenin au ghetto de Varsovie, lors de l’incursion des israéliens contre cette ville, considérée alors par les Israéliens comme une pépinière d'auteurs d'attentats-suicides. Il y eut aussi les innombrables comparaisons sur tous les tons et adjectifs, toutes les formes, tous les styles et toutes les langues, avec les nazis, le nazisme, les camps de concentration et/ou d’extermination. Puis, il y eut les accusations folles : « les israéliens empoisonnent les puits, dépècent les cadavres (palestiniens) pour récupérer et vendre leurs organes, ils se comportent comme des rats, des chiens ou des singes; ils sont brutaux, méchants, cruels, barbares, menteurs et faux ». J’ai lu aussi qu’ils « instrumentaliseraient les Etats-Unis, domineraient le monde »… Bref, je croyais avoir tout vu, tout entendu.




Eh bien non. Suis-je naïf, tout de même !



Lu ce matin dans la page Rebonds de Libération. Rana Nashashibi, Palestinienne de Jérusalem, enseignante et militante associative, publie un article : « Processus de paix, une expression vidée de sens. » Elle explique qu’Israël n’est pas en état de guerre avec les Palestiniens parce qu’il est la « puissance occupante » et « coloniale ». Un peu plus loin, je lis ceci : « Nous, Palestiniens, nous voulons une paix qui nous rende justice et liberté. La communauté internationale veut que les Palestiniens et les Israéliens arrivent à une entente sans qu’elle interfère et sans mettre de pression sur Israël. Cette situation peut être comparée à celle de l’officier de police qui vole à la rescousse d’une femme violée, pour ensuite demander au couple de se mettre d’accord, pour l’informer de la situation afin qu’il la bénisse. Les gens qui lisent cette phrase, en particulier les militants luttant contre la violence et le viol, savent à quel point cette demande et cette situation sont absurdes ! Comment peut-on imposer un accord avec la Palestinienne usurpée sans arrêter d’abord les violations et le viol ? »



Dans ce texte, évidemment, le verbe transitif « violer » fait allusion à la notion de transgression, dans le sens de transgresser et enfreindre. Mais, je ne peux m’empêcher de penser que ce verbe n’a pas été choisi au hasard, pas plus que le mot « viol ». L’exemple qui a été choisi par l’auteure de cet article est d’ailleurs symptomatique : l’allusion au viol (acte de pénétration sexuelle commis sur autrui par violence, contrainte, menace ou surprise), influe directement et construit la fin de son texte.



Alors, ce que je veux dire est on ne peut plus simple.



S’il est possible d’animer le débat sur ce conflit, si n’importe lequel d’entre nous peut critiquer une politique ou un gouvernement, l’utilisation folle et répétée de comparaisons douteuses et scabreuses, relèvent de l’irresponsabilité pure.


Le conflit israélo-palestinien aura finalement permis, malheureusement, je le pense, de réanimer, de réactualiser et de banaliser tous les vieux préjugés, poncifs, stéréotypes haineux, antisémites et moyenâgeux
Antisémitisme, vous avez dit antisémitisme ? Oui. Clairement, oui.
Photo : D.R.