Bonjour,
J'ai décidé d'adresser une lettre à Raymond Barre, sous forme de lettre ouverte, et je souhaitais vous en faire connaître la teneur. Je vous la lis:
Il est des sujets sur lesquels vous feriez mieux, Monsieur Barre, de vous taire, à défaut de présenter des excuses. Interviewé sur France Culture ce 2 Mars 2007, vous avez évoqué en quelques minutes d'antenne à la fois Maurice Papon, l'attentat de la rue Copernic et Bruno Gollnish. En ce qui concerne ce dernier que vous appréciez car "c'était un homme bien", vous dîtes avoir blâmé ses propos mais en rajoutant "Moi, je suis quelqu'un qui considère que les gens peuvent avoir leur opinion, c'est leur opinion et par ailleurs, quand je les ai vu fonctionner dans un climat particulier, je reconnais leurs qualités". Ainsi, vous, un ancien Premier Ministre, estimez que le négationnisme, face cachée de l'antisémitisme, est une opinion. Non, Monsieur Barre, il s'agit d'un délit pénal et des propos comme les vôtres justifient la Loi Gayssot. Votre bienveillance à l'égard de cet homme et de ses "opinions" ne surprend pas lorsque vous osez évoquer à deux reprises le "lobby juif" qui "est capable de monter des opérations qui sont indignes et je tiens à le dire publiquement". Vous faites référence à vos propos concernant l'attentat de la rue Copernic où vous aviez déclaré:"un attentat odieux qui voulait frapper des juifs se trouvant dans cette synagogue et qui a frappé des français innocents qui traversaient la rue Copernic". Une première fois, c'est éventuellement une maladresse, la seconde, c'est une faute, surtout lorsque vous insistez sur l'influence d'un "lobby juif ". Vous ne saisissez donc pas le sens odieux de cette expression? Ce n'est pas le mot lobby qui est critiquable, mais c'est le fait de l'associer à un groupe dans sa globalité et dans sa généralité. Cela s'appelle un propos antisémite, mais devrais-je m'en étonner, Monsieur Barre, après vos complaisances à l'égard de Bruno Gollnish? Mais je peux d'autant moins m'en étonner à la suite de votre évocation de Maurice Papon. Votre aveuglement est pathétique. Vous dîtes que Papon est resté à la Préfecture pour tenter de limiter la casse et vous rajoutez: "mais il lui a manqué la phrase disant que ce qui avait été fait sous son autorité était quand même regrettable et qu'il l'avait fait parce qu'il pensait que c'était son devoir de le faire." Ainsi donc, pour vous, diriger un service des questions juives pendant deux ans, service chargé d'appliquer les accords de police entre le IIIème Reich et le régime de Vichy et visant à arrêter, séquestrer et déporter les juifs considérés comme "les ennemis communs" sont des "actes regrettables". Cette expression est de la même veine que celle des "français innocents" et encore plus blessante. Est-ce tenter de "limiter la casse" que de diriger un tel service qui n'a rien à voir avec celui de l'approvisionnement? Vos propos insultent les résistants, insultent les justes parmi les nations. J'ai tenté de comprendre vos propos, et la clé de ceux-ci se trouve encore dans cette effarante interview::"Je ne porte pas un jugement moral sur l'attitude que l'on devait avoir à l'égard des déportations de juifs ou non." Monsieur Barre, je vous en prie, faites silence!
Michel Zaoui